Quand Céline Dion et ses trois fils se sont avancés dans l'allée centrale à 15h20 et qu'on a entendu résonner dans toute la basilique Notre-Dame la chanson Trois heures vingt d'une toute jeune Céline, il a fallu se rendre à l'évidence: les funérailles nationales de René Angélil porteraient la signature du grand disparu.

Avant de rendre son dernier souffle, l'imprésario, homme d'affaires, metteur en scène et artiste lui aussi avait choisi les quatre enregistrements de sa femme qu'on allait entendre à ses funérailles, hier. Quatre chansons d'amour comme autant de jalons dans une carrière qu'il a brillamment échafaudée: Trois heures vingt, écrite par le Français Eddy Marnay pour une adolescente à la voix d'or, L'amour existe encore de Luc Plamondon et Richard Cocciante, chantée par une jeune femme, Pour que tu m'aimes encore de Jean-Jacques Goldman, qui en a fait une supervedette consacrée en France, mais également All the Way, le duo virtuel avec l'éternel Frank Sinatra, en guise de rappel du triomphe américain et international de Céline Dion.

Ces quatre chansons populaires furent les seuls intermèdes profanes de cette cérémonie religieuse empreinte d'un grand respect pour l'homme qui nous a quittés deux jours avant son 74e anniversaire. «J'ai vu défiler 35 ans de ma vie», nous a dit Mario Lefebvre, qui fut longtemps le bras droit de René Angélil.

L'importance de la famille

En effet, on reconnaissait Angélil dans les mots de son fils aîné Patrick, dont l'allocution s'est terminée sur une imitation du paternel, et ceux de René-Charles, 15 ans, qui a dit en anglais et en français l'importance que son père accordait à la famille, un thème qui était également au coeur de l'homélie de Mgr Christian Lépine. Cette famille, dont font bien sûr partie son épouse, ses jeunes enfants et les plus vieux, qui ont moins profité de la présence de leur père, toujours occupé quand ils grandissaient, en plus des Dion et des Angélil. Cette famille qui comprenait en outre, hier, Luc Plamondon, Gilles Girard, des Classels, Michel Therrien, Philippe Couillard, l'ambassadeur des États-Unis et le maire de Charlemagne, ainsi que Mgr Ibrahim Michael Ibrahim, dont la présence nous rappelait les racines libano-syriennes d'Angélil.

Ce n'était pas un défilé de stars venues d'ailleurs, qui voudront peut-être rendre hommage au célèbre manager lors d'une cérémonie à Las Vegas au début de février. Ce n'était pas non plus l'occasion pour les vedettes d'ici de venir dire ou chanter à tour de rôle leur attachement à René Angélil.

Le ton était à la sobriété, à la retenue. Mais quand, à la fin de la cérémonie, les trois fils de René - Patrick, René-Charles et Jean-Pierre - et leur oncle André Angélil ont remonté l'allée centrale de chaque côté du cercueil, suivis de Céline et de ses deux jeunes fils Nelson et Eddy, les applaudissements discrets se sont intensifiés. Puis une femme a crié «on t'aime, René», et les cris et les sifflets ont fusé.

Céline Dion, très digne, a remercié discrètement tous ces gens qui, à leur façon, venaient de faire à son mari une ultime ovation.