Dix ans après le meurtre de l'actrice Marie Trintignant à Vilnius, le retour à la musique de Bertrand Cantat se précise avec un album solo annoncé pour novembre, faisant suite à de multiples collaborations.

Condamné à huit ans de prison pour le meurtre de sa compagne, le chanteur a été libéré en 2007, mais il est longtemps demeuré très discret.

Jusqu'en août 2010, un contrôle judiciaire lui imposait de s'abstenir de produire tout ouvrage ou oeuvre audiovisuelle liés à la mort de Marie Trintignant et de ne pas s'exprimer publiquement sur ces faits.

Sa première tentative de renouer avec une carrière musicale s'est soldée par un faux départ.

Peu après sa sortie de prison, Bertrand Cantat s'est remis à répéter avec Noir Désir. Si le groupe affirmait travailler «sans pression, ni calendrier», un retour se profilait avec la mise en ligne sur internet de deux titres inédits.

Mais le 30 novembre 2010, le groupe annonçait sa séparation après le départ du guitariste Serge Teyssot-Gay en raison de «désaccords émotionnels, humains et musicaux».

C'est donc sans Noir Désir, et pas à pas, que le chanteur a repris contact avec le public.

Ses premières apparitions ont provoqué une vive émotion. La colère de ses détracteurs a été à la hauteur de la ferveur de ses fans, tandis que de nombreux observateurs hésitaient entre curiosité et malaise.

En octobre 2010, son retour sur scène a été un événement pour lequel les places se sont arrachées. Deux mille personnes sont venues l'acclamer en invité «surprise» de ses amis du groupe Eiffel, chez lui près de Bordeaux.

«Questionnement»

Un an plus tard, l'annonce de sa venue à Avignon a provoqué un tollé, conduisant le chanteur à annuler sa participation à la représentation de la trilogie Des Femmes du metteur en scène Wajdi Mouawad, dont il avait composé la musique.

Progressivement, ses apparitions sur scène - toujours en «invité» d'autres artistes - ont suscité de moins en moins d'émoi et d'effervescence.

Sur disque aussi, le chanteur s'est peu à peu fait plus présent. Il est d'abord apparu discrètement au côté d'artistes bordelais, comme le slammeur Souleymane Diamanka ou le groupe Eiffel. Il a ensuite offert un tube à Shaka Ponk, contribuant à l'explosion médiatique du groupe.

Puis, il a largement posé son empreinte créative sur Folila le dernier album du duo malien Amadou et Mariam, dont il interprétait quatre titres.

Depuis de longs mois, il travaille à un album solo, le premier de sa carrière, initialement attendu au printemps dernier.

Dans une très rare interview accordée à Sud-Ouest, Bertrand Cantat, qui écrivait tous les textes de Noir Désir, a évoqué l'an dernier un disque «très personnel», dont la gestation semble avoir été difficile.

«Le questionnement est excellent dans une créativité. Jusqu'à un certain point. Jusqu'à ce que le questionnement soit paralysant. C'est-à-dire que la spontanéité n'est pas évidente à trouver par rapport à l'évidence et la bêtise du commentaire à venir», a-t-il déclaré quelques mois plus tard à Libération.

Car Vilnius continue régulièrement de faire la «une» des journaux. Ces derniers mois, à l'approche de l'anniversaire de la mort de Marie Trintignant, plusieurs livres sont revenus sur le drame, les raisons de l'éclatement de Noir Désir et du suicide de son ex-compagne Kristina Rady.

Dévastatrice pour l'image du chanteur, chacune de ses parutions vient compliquer le retour musical de Bertrand Cantat, forcément synonyme de retour médiatique.

Contactée par l'AFP, sa maison de disques Barclay (Universal), a confirmé que la sortie de l'album était prévue à la fin de l'année, «normalement» en novembre.