Le controversé rappeur français Booba sera de retour demain soir sur la scène du Métropolis dans le cadre du Festival hip hop de Montréal, qui s'ouvre aujourd'hui.

Le «Duc de Boulogne», roi du rap français, trône en tête des classements avec plus d'un million d'albums vendus en carrière. Il profite de sa visite à Montréal pour présenter au public québécois Futur, son sixième opus pour public averti seulement, sorti en décembre dernier.

À 36 ans, Booba - Elie Yaffa de son vrai nom - dit ne plus rien avoir à prouver à personne. Le rappeur et homme d'affaires, propriétaire de Ünkut, une fructueuse ligne de vêtements, fait d'ailleurs la couverture du dernier numéro du magazine GQ français. Il défraie la chronique depuis plusieurs mois en raison de ses démêlés avec La Fouine, un autre célèbre rappeur français.

La guerre est déclarée entre ces deux rappeurs qui s'affrontent par chansons et par médias interposés. Ils en sont même venus aux mains, il y a quelques semaines, à Miami, où ils ont élu résidence... dans le même immeuble!

Q : Pourquoi avoir intitulé cet album Futur?

R : C'est une manière de dire qu'on est devant les autres, qu'on a toujours un temps d'avance. Je ne suis pas un suiveur, c'est plutôt les gens qui me suivent. Quand tu es toi-même et que tu es original, tu vis dans le futur. Dans le mien, je vois la même chose qu'aujourd'hui, mais en plus grand!

Q : L'argent est un sujet récurrent dans vos chansons. Est-ce que l'argent fait votre bonheur?

R : C'est un sujet dont on parle souvent dans la société en général. Il n'y a pas que l'argent qui rend heureux. Mais, dans mon cas, c'est synonyme de liberté: ça me donne la possibilité de faire tout ce que j'ai envie, de voyager où je veux, de me lever quand je veux, et surtout de faire plaisir à mes proches.

Q : Pourquoi avoir choisi de vivre à Miami?

R : Miami est une ville agréable où j'ai des amis et où je crée de nouvelles chansons. J'ai collaboré avec des rappeurs américains, comme 2 Chains et Ross, qui se retrouvent sur Futur. Je ne me considère pas comme inférieur aux rappeurs américains. Quand j'en croise un ou que j'enregistre dans la même cabine, ça ne me fait ni chaud ni froid. Par contre, je me dis que je suis dans un bon studio pour faire du son de qualité.

Q : Vous dites souvent dans vos chansons qu'en France, il n'y a pas de concurrence dans le monde du rap. Pourquoi?

R : Il y en a, mais il y a très peu de rappeurs qui m'inquiètent. Pas en ce moment, en tout cas. À une époque, j'aurais pu être «inquiet» d'un morceau de Kery James, de 113, d'Arsenic, d'Oxmo Puccino. Mais à part Kaaris, aujourd'hui, il y a moins de bon rap qu'avant en France.

Q : Sur Wesh Morray, vous êtes assez dur envers Willy Denzey, Laurent Voulzy ou K. Maro. Vous êtes aussi ouvertement en conflit avec La Fouine et Rohff. Aimez-vous la polémique?

R : Je ne suis pas méchant, ce n'est rien de personnel. Ce sont des «vannes» et c'est plus marrant que méchant, dans leur cas. Concernant La Fouine, je ne m'embrouille pas pour du buzz. Les querelles entre les hommes ont toujours existé, sauf que celle-ci est médiatisée. Ce sont les choses de la vie, pas du buzz. Demandez à La Fouine pourquoi il s'est installé dans mon immeuble. Je me serais bien passé de croiser sa gueule dans l'ascenseur.

Q : Pensez-vous toujours être «la plume du bitume»?

R : La rue m'a rendu fou, je suis fou d'elle, je suis tombé pour elle. C'est avant tout être amoureux d'un style de vie. La rue, c'est wla réalité dans laquelle je suis tous les jours. M'éloigner de la rue, ça voudrait dire que je change de fréquentations et que j'ai tout oublié. Mais je conserve les amis avec lesquels j'ai grandi.

LES CHOIX D'ANODAJAY

Le Festival hip hop de Montréal accueille, jusqu'à lundi, divers artistes francophones et anglophones du monde du rap et de la culture hip-hop. Voici trois incontournables d'Anodajay, alias Steve Jolin.

Vendredi, 21h, au Club Soda: Talib Kweli

«C'est un artiste américain très impliqué dans la culture hip-hop et qui l'a toujours défendue de manière indépendante en ne signant jamais avec des labels majeurs. C'est un artiste underground qui a donné une belle couleur au hip-hop, que ce soit avec Mos Def ou en solo.»

Samedi, 19h, au Club Soda: Manu Militari

«Manu est toujours un incontournable. On va retrouver ses invités habituels et un chanteur dont je ne révélerai pas le nom! Il faudra venir pour découvrir toutes les belles surprises de ce spectacle-là inspiré de son troisième album, Marée humaine

Dimanche, 20h, au Club Soda: Rap d'Icitte

«Pour les fans de rap québécois, c'est la soirée la plus variée. On y retrouve des groupes d'un peu partout au Québec. À tour de rôle, ils vont nous présenter quelques pièces, ce qui va donner un beau mélange.»