Le monde de la musique a beaucoup évolué en 25 ans. Depuis la création de CISM, en 1991, les jeunes Québécois ont changé leurs habitudes de consommation. Ils découvrent désormais les nouveaux artistes principalement sur l'internet: baladodiffusions, listes d'écoute en ligne, blogues, etc. Pourtant, malgré la fameuse «révolution numérique», les radios universitaires vouées à la musique émergente demeurent pertinentes, s'entend-on pour dire dans l'industrie. Bilan.

L'avenir est en ligne

CISM, diffusée au 89,3 sur la bande FM, n'est plus qu'une simple radio. Après 25 ans d'histoire, la station mise aujourd'hui son avenir sur la diffusion en ligne. Début 2015, grâce à un investissement de 70 000 $, la radio étudiante de l'Université de Montréal a mis à jour son site internet, maximisé sa présence sur les réseaux sociaux et lancé une nouvelle application mobile. La stratégie semble être porteuse, affirme le directeur général de la station, Jarrett Mann. «Depuis cette refonte de nos plateformes web, nous avons enregistré plus d'un million d'écoutes en ligne», dit-il fièrement. «Pour continuer à être pertinent auprès des jeunes adultes, il faut être présent sur l'internet. Il ne faut pas être dépassé par les choses. CISM doit être une radio qui innove. C'est ça qu'on veut être et ça doit paraître sur nos plateformes», poursuit Jarrett.

Des revenus publicitaires en déclin

Comme c'est le cas pour plusieurs médias, les revenus publicitaires de CISM sont en déclin, confirme Jarrett Mann. Or, contrairement à une station comme CIBL, qui selon Radio-Canada gère une dette de 200 000 $, la radio universitaire a une santé financière positive. «Nos revenus publicitaires comptent pour 40 % de notre budget. Le reste vient des étudiants, qui versent en moyenne 2,50 $ par trimestre pour financer la radio. L'université nous prête quant à elle ses locaux gratuitement», explique Jarrett Mann. En 2006, la station comptait 70 000 auditeurs uniques par semaine. Lors de son dernier sondage Numeris, en 2014, ce chiffre avait grimpé de 10 %. L'augmentation a-t-elle attiré de nouveaux annonceurs? Difficile à dire... Selon Jason Bissessar, responsable du marketing au label montréalais Bonsound, les ressources financières en marketing ne sont plus nécessairement dirigées vers les radios. «Chez nous, bien que nous ayons de très bonnes relations avec CISM, où nos artistes sont souvent joués, on concentre davantage nos efforts sur l'image, la création de bons clips et l'augmentation de leur fan base», explique-t-il.

«Il y a de la place pour les bons DJ»

Malgré l'omniprésence du web dans les nouvelles habitudes de consommation de la musique, les radios étudiantes sont toujours pertinentes, croit toutefois Jason Bissessar. «Il faut se l'avouer, ce n'est plus comme avant, où la station de radio était un tremplin promotionnel incroyable. [...] Par contre, je crois qu'il y a encore un public pour écouter de bonnes émissions. Il y a de la place pour les bons DJ, des gens avec des connaissances, qui font de bonnes entrevues et qui connaissent où ça se passe en ville», affirme-t-il. C'est le défi que se lancent le directeur général de CISM, Jarrett Mann, et son équipe de 125 animateurs bénévoles. «Je pense que nous sommes plus pertinents que jamais. Les radios commerciales jouent toutes sensiblement le même top 40; alors, c'est incroyable comment CISM est encore un véhicule pour découvrir de nouveaux artistes québécois», dit-il avec conviction.

25 ans, ça se fête

Les animateurs de CISM et leurs fidèles auditeurs étaient réunis mercredi au Divan orange, à Montréal, pour le lancement des festivités marquant les 25 ans de la station. Le 31 mars, 1er et 2 avril, la radio organise des concerts rassemblant quelques grands noms de la scène émergente montréalaise.

Les 31 mars, au Divan orange: We Are Wolves

1er avril, à la SAT: Loud Lary Ajust, Brown, Rednext Level

2 avril, au Club Soda: Galaxie, Les Hôtesses d'Hilaire et I.D.A.L.G.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

En 2006, la station comptait 70 000 auditeurs uniques par semaine. Lors de son dernier sondage Numeris, en 2014, ce chiffre avait grimpé de 10 %.