Nous vous épargnerons ici le cliché du «roman coup de poing», car, si c'est ce que l'on aurait pu attendre de l'auteur du touchant La solitude des nombres premiers, ce court roman en est tout l'inverse.

Les humeurs insolubles joue plutôt dans la cour de l'hommage, aux allures d'ode, consacré à madame A., une domestique jouant le rôle de ciment au coeur d'un couple confronté aux défis de la vie contemporaine.

Celle décrite comme «le pilier sur lequel tout le monde s'appuie et que personne ne soutient» nettoie, jour après jour, la demeure familiale et les tracas sentimentaux de ce couple en manque de repères, tout en veillant sur leur fils comme une véritable grand-mère.

Mais le malheur, avec un grand C, vient s'abattre sur madame A., qui s'essoufflera à petit feu au fil des chimiothérapies. Le talent narratif de Paolo Giordano, à fleur de peau, vient sauver ce récit au penchant très personnel.

Peu original, Les humeurs insolubles démontre toutefois à quel point le Turinois est habile à composer sur les thèmes de la famille, du couple; ainsi qu'à triturer les liens extraordinairement complexes tissés entre des êtres ordinaires.

* * *

Les humeurs insolubles. Paolo Giordano. Seuil, 140 pages.