On va se le dire, Cherepaka n'est pas un spectacle dans le sens où on l'entend généralement, c'est-à-dire qui vise à divertir.

Il s'agit bel et bien d'une performance, mais on est plus proche ici de l'installation ou du tableau vivant que l'on pourrait fort bien voir dans un musée contemporain. Andréane Leclerc nous mène avec ce projet dans une troisième dimension où elle s'exprime librement à travers le langage de la contorsion. À vous de la décoder!

Depuis sa création il y a deux ans, Cherepaka, qui signifie «tortue» en russe, s'est précisé dans ses intentions. Sa démarche visant à retrouver «l'instinct animal» qui dicte ses figures de contorsion est fascinante, même si vous le devinerez, ce n'est pas un exercice qui plaira à tout le monde.

Lentement mais sûrement, Andréane Leclerc, qui a fait une maîtrise sur la dramaturgie de la prouesse et qui s'est inspiré des tableaux déformés de Francis Bacon, a conquis les publics français et européens.

Pendant près d'une heure, la jeune femme qu'on a notamment vu dans Rain du Cirque Éloize, se meut de toutes les façons possibles et imaginables. Elle s'étire, se lève, se recroqueville et tourne sur elle-même, donnant l'impression de se détacher de son corps. Le plus souvent avec lenteur, mais aussi par moments dans la panique et l'agitation.

Il y a quelque chose d'hypnotique qui touche à l'intime dans cette performance qui commande le silence. Car la contorsion n'est pas une discipline artistique comme une autre. Même si on peut s'entraîner à faire certaines figures, ces artistes inclassables vous le diront: on est contorsionniste ou on ne l'est pas. Andréane Leclerc l'est.

Si Cherepaka est une proposition exigeante pour cette artiste douée, elle l'est tout autant pour le spectateur, qui doit démontrer une ouverture et une disponibilité de tous les instants.

Si la performance d'Andréane Leclerc ne laisse personne indifférent, elle peut néanmoins être fastidieuse. Comme si on assistait à un dialogue en mandarin ou en arabe (lorsqu'on ne parle pas la langue bien sûr!). Mais pour peu qu'on s'abandonne à cette langue singulière de la contorsion, il y a beaucoup d'émotions qui se rendent jusqu'à nous.

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Jusqu'au 6 juillet à l'Espace GO.