Five Finger Death Punch, Killswitch Engage, Disturbed, Nightwish, Mastodon, Fear Factory et les vétérans québécois de Kataklysm: le festival Heavy Montréal a dévoilé hier une programmation sans coups d'éclat et destinée aux puristes, qui ne fait pas l'unanimité.

Une sorte de retour au métal sans fioritures pour le festival présenté en août au parc Jean-Drapeau.

La liste ne comporte toutefois pas vraiment de gros canons comme Megadeth, Iron Maiden, Slayer, Slipknot et autres formations cultes qui ont contribué au rayonnement du festival. Il faut dire qu'evenko pourra difficilement surpasser sa cuvée 2014, qui avait fait courir quelque 75 000 festivaliers au pied des Metallica, Anthrax, Lamb of God et Slayer.

On peut néanmoins parier que les power ballades de Five Finger Death Punch ou Disturbed - deux groupes extrêmement populaires au son plus classique - justifieront à eux seuls le déplacement pour nombre de fans.

Sans oublier Mastodon, qui remet ça après avoir annulé sa présence au festival l'an dernier.

Sur la page Facebook de l'événement, la division des fans était palpable peu après le dévoilement de la programmation.

Il faut dire que la plupart des têtes d'affiche de cette année se sont déjà produites au festival par le passé, mais jamais à titre de cerise sur le gâteau.

Des fans ont indiqué attendre impatiemment la programmation de l'Amnesia Rockfest de Montebello, autre messe métal qui gagne en popularité et qui attire de grosses pointures depuis quelques années.

evenko à l'écoute des fans

De son côté, le promoteur evenko assure travailler d'arrache-pied chaque année pour faire le bonheur des adeptes. «On a écouté les fans l'an passé et ils n'étaient vraiment pas contents du côté punk ou rock du festival», explique le vice-président aux concerts et événements chez evenko, Nick Farkas, pour justifier l'abandon presque complet de la trajectoire plus éparpillée des dernières années.

Cette même quête de la «formule magique» explique le retour d'un festival de deux jours au lieu de trois, comme l'an passé.

Pour M. Farkas, l'édition 2016 ne constitue pas pour autant un retour aux sources. Elle témoigne davantage d'une volonté de se mettre au diapason du public métal.

«La moitié des puristes sont contents et l'autre, non. À date, la réception est bonne et la mise en vente a surpassé celle de l'an dernier.»

Quant à l'absence de grosses pointures, elle s'expliquerait par le simple fait que le métal n'en produit plus autant. «Les Black Sabbath et Metallica existent depuis 30 ou 40 ans; le renouvellement est très limité dans le genre. D'autant plus qu'Iron Maiden sera à Montréal prochainement [le 1er avril], Metallica a fait deux soirs récemment à Québec et Rammstein n'était pas disponible», énumère Nick Farkas, qui est néanmoins très satisfait de ses têtes d'affiche. «Disturbed était notre premier choix!»

Il note que la baisse de la valeur du dollar canadien lui enlève beaucoup de marge de manoeuvre. «Avec 25-30 % moins de valeur que l'an passé, ça joue beaucoup», résume M. Farkas, qui doit aussi composer avec le fait que plusieurs bands tournent en Europe pendant l'été.

Animatrice à l'émission Le grimoire du métal, diffusée à CISM les mercredis à 21 h, Christine Fortier n'est pas tombée en bas de sa chaise en voyant la programmation. «Je ne suis pas super impressionnée, mais les gens vont aimer Volbeat, et ça risque d'être intéressant de voir Nightwish sur une grosse scène», commente-t-elle.

Mme Fortier est aussi impatiente de voir le vieux Zakk Wylde de Black Label Society à l'oeuvre, lui qui a été le guitariste d'Ozzy pendant une quinzaine d'années.

L'animatrice fait toutefois peu de cas de l'absence de groupes cultes à la Iron Maiden. «En partant, il n'existe pas beaucoup de gros noms rassembleurs; c'est toujours un défi pour Heavy Montréal de monter une bonne programmation, explique-t-elle. Si on faisait la programmation qui me plaît, il n'y aurait pas grand monde, et c'est le propre de la plupart des fans de métal.»

Rappelons que les festivals ÎleSoniq et Heavy Montréal se tiendront durant la même fin de semaine au parc Jean-Drapeau, malgré des styles musicaux aux antipodes.

Et même si Dave Mustaine n'est pas là pour jouer Holy Wars cette année, le maire de Saint-Lambert risque de trouver le week-end long.