Deux ans après ses victoires au Prix d'Europe et au Concours national de piano de l'Orchestre symphonique de Toronto, Charles Richard-Hamelin présente cette semaine son premier récital au Festival de Lanaudière dans un ambitieux programme romantique. Un retour au bercail après deux années d'études aux États-Unis.

Le jeune pianiste de 24 ans a grandi à Joliette. Habitué du Camp musical de Lanaudière, qu'il a fréquenté à plusieurs reprises, il a bien connu le père Fernand Lindsay. Le fondateur du Festival de Lanaudière et du camp musical (qui porte maintenant son nom) l'a toujours soutenu et encouragé dans son apprentissage.

«Avec les jeunes du camp, on allait souvent écouter des concerts au festival, se souvient-il. Et je me disais: un jour, peut-être que ce sera à mon tour de jouer là. Je suis vraiment content qu'ils aient pensé à m'inviter, d'abord l'an dernier dans Rhapsody in Blue, et cette fois-ci pour un récital.»

Charles Richard-Hamelin a passé sa jeunesse à faire des concours de piano. «Quand j'étais adolescent, j'en faisais trois ou quatre par an», dit-il. Et il en a remporté plusieurs.

«Mes parents m'ont toujours encouragé, mais ils ne m'ont jamais poussé comme le font certains parents. Mon père était toujours près de moi quand je pratiquais, mais il ne m'a jamais imposé de le faire pendant des heures et des heures.»

Grâce aux dernières bourses qu'il a reçues - 30 000$ au Prix d'Europe et 8000$ à Toronto -, il vient de passer deux ans à la Yale School of Music, au Connecticut, où il a étudié auprès du pianiste russe réputé Boris Berman. Auparavant, il a aussi étudié avec Richard Raymond et Sara Laimon, après plus de 15 années passées auprès du même professeur, Paul Surdulescu, qui enseigne au Cégep régional de Lanaudière.

«J'ai commencé le piano à quatre ans et demi avec mon père, qui était pianiste amateur. Après quelques mois, il m'a amené voir Paul Surdulescu, l'un des rares professeurs qui enseignent à des élèves très avancés, mais aussi à des débutants. Avec lui, j'ai appris les bases de l'instrument et, à la fin, je jouais du Rachmaninov.»

Après deux ans aux États-Unis, le musicien souhaite maintenant s'établir à Montréal. La prochaine étape de son apprentissage sera un diplôme d'artiste au Conservatoire de musique de Montréal avec André Laplante, programme qui dure deux ans. De plus, au cours de la prochaine saison, il se produira notamment comme soliste avec I Musici, ainsi que comme chambriste dans le cadre de la série Jeunes et pros, à la salle Bourgie.

Mais il lorgne maintenant du côté des grands concours internationaux, auxquels il ne s'est pas encore mesuré, sans vouloir préciser pour l'instant ceux qui l'intéressent.

«Je ne veux pas arriver à 30 ans, âge limite de la plupart des concours, et me dire que je n'ai pas essayé, dit-il. Je vais certainement tenter ma chance.»

Programme

Schubert, Chopin, Brahms et Scriabine sont au menu de ce premier récital.

«Dans ce programme, j'ai voulu explorer des oeuvres tardives de chaque compositeur, écrites alors que leurs jours étaient comptés. Elles ont en commun des thèmes comme la nostalgie et l'appréhension de la mort.»

Sujets pour le moins sérieux quand on n'a que 24 ans!

«C'est assez intimidant, et il est évident que ce que j'ai à offrir comme interprétation est différent de ce que je pourrai faire dans 5, 15 ou 25 ans. Mon approche est susceptible de changer avec l'âge et l'expérience. Ce sont des oeuvres peu touchées par des gens de mon âge, qui privilégient souvent Rachmaninov ou Prokofiev, mais je tenais vraiment à les travailler.»

Samedi prochain, on pourra également l'entendre dans L'histoire de Babar, le petit éléphant, de Francis Poulenc, un conte musical dont la narration sera assurée par Alex Benjamin, directeur artistique du Festival.

Charles Richard-Hamelin en récital, 5 août, 20h, église de Saint-Paul-de-Joliette. L'histoire de Babar, le petit éléphant, 10 août, 10h30, bibliothèque Rina-Lasnier.

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Ses trois pianistes préférés et leurs propos célèbres:


> Radu Lupu (1945 -) «Tout le monde raconte la même histoire différemment, et cette histoire devrait être racontée de manière irrésistible et spontanée. Si ce n'est pas le cas, elle est sans valeur.»

> Dinu Lipatti (1917-1959) «Ne vous servez pas de la musique, servez-la.»

> Sviatoslav Richter (1915-1997) «Il ne fait aucun mal d'écouter Bach, de temps en temps, même si ce n'est qu'une question d'hygiène.»

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Trois oeuvres qu'il rêve d'interpréter:

> Le Concerto no 2, de Brahms

> Prométhée: le poème du feu, de Scriabine

> La sonate Hammerklavier, op. 106, de Beethoven