Comme c'est le cas depuis le début de la précédente décennie, le Wayne Shorter Quartet nous a présenté un continuum de musiques annonciatrices de l'avenir immédiat et de l'avenir lointain d'un genre qu'on ose encore nommer jazz.

Mais... avec  moins de surprises et moins de tonus que lors de tous les concerts présentés antérieurement à Montréal par ce très puissant ensemble de cet immense leader.

Quasi surréalisme en introduction : au moment où les musiciens allaient en action, des fans ont entonné «mon cher Wayne, c'est à ton tour de te laisser parler d'amour...», thème de Gilles Vigneault repris partiellement dans l'entrée en matière du pianiste Danilo Perez! Et ce dernier nous a rapidement fait bifurquer vers des considérations musicales beaucoup plus contemporaines que celles d'un 80e anniversaire de naissance.

La suite fut ponctuée des interventions de plus en plus musclées de cette parfaite section rythmique - John Patitucci, contrebasse, Brian Blade, batterie. Interventions au-dessus desquelles Wayne Shorter  a esquissé ce qui allait difficilement se préciser dans cette unique fresque au programme (sauf un court rappel), improvisée du début à la fin.

Initiée par Perez, une séquence plus proche de la forme chanson a ensuite permis au saxophone  ténor de s'exprimer avec plus de coffre, à la suite de quoi le soprano a pris le relais dans un registre très lyrique, le tout coiffé par une ascension tragique et... une conclusion plus hâtive que prévu. 

Cette fois, donc, pas de révélations, pas de souvenirs incrustés dans le cortex pendant des semaines. Néanmoins la satisfaction d'avoir pu absorber la version relativement réduite (pour ne pas dire trop brève) de ce qui nous a jetés par terre depuis la fondation de ce quartette.