Deux semaines avant la première présentation du film The Great Gatsby, la trame sonore n'était pas terminée. Si on a martelé dans les médias que JAY Z était le chef d'orchestre du projet, des centaines d'intervenants ont mis la main à la pâte. Souvent à la dernière minute, avec un souci maniaque du détail.

Hier après-midi, le festival Pop Montréal présentait une table ronde sur la genèse de la B.O. du film de Baz Luhrmann, basé sur le livre The Great Gatsby de Francis Scott Fitzgerald. Autour de la table: Darren Higman, vice-président de la division musique et supervision musicale aux studios Warner Bros (L.A.), Lysandra Woods, responsable des licences pour l'entreprise montréalaise Third Side Music et le musicien électronique montréalais Kid Koala, qui a participé au projet. En direct sur Skype s'est joint à eux Anton Monsted, superviseur et collaborateur de longue date de Luhrmann, que ce soit sur Moulin Rouge ou Australia.

Tous des gens importants, comme la brochette d'artistes qui a collaboré à l'album: Jack White, The XX, Gotye, will.i.am, Lana Del Rey, JAY Z, Florence + The Machine, Sia, Beyoncé, André 3000, etc.

La particularité de la B.O. de The Great Gatsby: elle ne réunit que des pièces pop originales et contemporaines qui ne collent pas à l'époque du film. «La musique devait refléter ce que les gens ressentaient en écoutant du charleston dans les années 20», a expliqué Anton Monsted.

La musique arrive dans les dernières étapes de la postproduction d'un film. Pour l'anecdote, c'est la chanson Party Rock Anthem de LMFAO que Lurhmann a fait jouer pour inspirer les acteurs lors du tournage des soirées festives et dansantes.

«La plupart des chansons ont été enregistrées en deux ou trois semaines», a expliqué Darren Higman. Mais ensuite, ces pièces ont été modifiées selon les exigences du studio ou du réalisateur. Disons qu'il y a beaucoup d'ego à gérer dans le processus décisionnel, à commencer par celui du réalisateur (Baz Lurhmann est un cinéaste excentrique) qui pouvait exiger un changement quelques jours avant la sortie du film. Les allers-retours sont multiples. Les pièces et les heures de travail jetées aux poubelles aussi.

Le Montréalais Kid Koala (de son vrai nom Eric San) avait seulement 24 heures devant lui pour remixer une reprise du tube Crazy in Love de Beyoncé, où Emeli Sandé chante sur une musique du Brian Ferry Orchestra. «J'étais à Prague et grâce à Twitter, j'ai trouvé un studio», raconte-t-il.

«Eric a su recréer des textures jazz en incorporant du hip-hop et une touche moderne», a souligné Anton Monsted.

Ce dernier a fait parvenir un courriel détaillé à Kid Koala. Sa «commande» n'avait rien de musical, mais il expliquait par le menu détail l'émotion qu'il fallait refléter lors de la scène où Gatsby est nerveux en préparant sa soirée mondaine, car il est amoureux de Daisy. «J'ai tout de suite pensé à quand j'avais 12 ans et que j'avais des papillons dans le ventre avant de cuisiner pour ma première blonde pour la première fois», a raconté Kid Koala.

Dans un film, la création de la musique est moins tangible que la réalisation des images, a souligné Anton Monsted. «On sait précisément où on veut se rendre avec la chanson, mais on ne sait pas comment. Le processus est compliqué, mais fantastique.»

Voilà le genre de conférences gratuites que propose Pop Montréal. Hier, il y avait également une table ronde sur les quartiers culturels de Montréal. Jusqu'à dimanche sont notamment prévues des discussions avec Shuggie Otis, Killer Mike et le réalisateur Tony Visconti, ou encore des ateliers sur la gérance et sur la musique dans les jeux vidéo.