La galerie Trois Points propose en cette rentrée culturelle deux expositions qui se rejoignent par une même allusion à l'univers du conte : Myth présente les constructions virtuelles du Torontois Alex McLeod tandis que l'installation Warmblood de Vicky Sabourin évoque la relation entre l'homme et le cheval.

Âgé d'une trentaine d'années, l'artiste torontois Alex McLeod est fasciné par la notion de paysage, mais sa nouvelle exposition solo porte sur une approche plus architecturale dans un contexte foncièrement fantastique. Pour ce faire, il utilise l'ordinateur, sculptant des formes, jouant avec la lumière et l'intensité des couleurs et créant des textures qui donneront à ses objets virtuels l'apparence du bois, du papier cadeau, de la céramique, de l'aluminium ou du verre.

Un gros travail de minutie, donc, qui donne des impressions numériques de grands formats aux résultats très intéressants. Par exemple avec son oeuvre Campin Shop. On a l'impression de se retrouver dans une salle d'exposition où l'on présenterait des objets rappelant la forme d'une grosse ampoule, d'un nuage ou d'une création en verre soufflé, le tout dans un environnement «boisé» orange!

Avec Grid, Alex McLeod démultiplie ce foisonnement de couleurs en le déclinant dans un cadre comprenant 36 vues de ce même type de structures qui semblent gonflées à l'hélium et qu'il a dispersées dans différents environnements. Un mélange de couleurs et de formes très jovial.

Avec Starsky, Roundroom et Gran Hallway, on est beaucoup plus dans la scénarisation d'installations virtuelles, comme si l'on assistait au déploiement dans un grand espace d'une oeuvre installative formée de sortes de papiers d'emballage brillants que l'artiste exploite comme des cristaux dorés et orangés éparpillés sur le sol et suspendus dans les airs. Un univers féérique et fantastique mais ordonné et extrêmement esthétique.

Alex McLeod ne réinvente pas la roue, mais il apporte, avec une belle inspiration et beaucoup de talent, un brin de rêve et de conte dans une époque qui en a bien besoin.

Sang chaud

On retrouve cet univers du conte avec un autre des tableaux vivants de Vicky Sabourin, invitée pour la première fois à exposer dans la galerie dirigée par Émilie Grandmont-Bérubé.

Vicky Sabourin s'était intéressée, au printemps dernier, aux lièvres qui avaient proliféré dans les années 30 dans le Midwest américain, avec son exposition Does It Hurt You to Hunt It?, présentée à la Maison des arts de Laval.

Cette fois-ci, elle explore la relation qui unit l'homme au cheval au moyen d'une installation plus sobre avec la représentation au sol d'un cheval en feutre, un tas de terre et une immense photo d'un trou d'où provient, semble-t-il, cette terre.

On retrouve son intérêt pour une réflexion sur l'âme humaine et son penchant animal, avec cette fois une étude comparative sur la noblesse du cheval et le pragmatisme du cavalier.

L'installation s'accompagne d'une performance que Vicky Sabourin présente durant environ deux heures et demie dans la galerie, tous les samedis à 14h, jusqu'au 4 octobre. Une performance pendant laquelle, vêtue d'une chemise blanche, elle témoigne de la tendresse envers ce cheval de feutre rempli de cailloux qu'elle manipule avec lenteur et intériorité.

Portant le nom des chevaux demi-sang, l'installation Warmblood est en effet - à l'opposé de Myth et de son univers créatif explosif - l'occasion d'une réflexion sur le penchant destructeur et contrôlant de l'homme. Aux antipodes de la féérie.

À la galerie Trois Points (372, rue Sainte-Catherine Ouest, #520), jusqu'au 4 octobre