De 1400 à 1460, Florence sert de cadre à l'aube de la Renaissance, un mouvement artistique révolutionnaire dont les débuts sont racontés à travers des dizaines de chefs-d'oeuvre exposés dans la capitale toscane en collaboration avec le Louvre.

De Donatello à Masaccio, de Brunelleschi à Paolo Uccello: le Palais Strozzi, antique palais d'une des plus anciennes familles de Florence en plein centre-ville, accueille 140 sculptures et peintures pour illustrer Le printemps de la Renaissance, cette période «magique» au début du XVe siècle.

«L'exposition vise à démontrer que l'origine de cette révolution qui durera deux siècles est la sculpture, qui a un primat chronologique sur tous les autres arts», explique à l'AFP la commissaire italienne de l'exposition, Beatrice Paolozzi Strozzi.

«C'est une anthologie complète des plus grands maîtres de la sculpture (Ghiberti, Donatello, Luca della Robbia), mais les autres arts sont aussi présents, à commencer par la peinture, avec Masaccio, Filippo Lippi...» s'empresse d'ajouter cette femme élégante, elle-même descendante de la famille Strozzi.

«Celui qui a le plus marqué son époque, c'est Donatello (1386-1466): il a vécu très longtemps et il ne s'est jamais lassé d'expérimenter», souligne-t-elle en montrant du doigt un imposant Saint Ludovic de Toulouse en bronze doré, émail et cristal de roche, symbole de son génie expérimental.

«Donatello est une personnalité artistique d'une modernité déconcertante», s'enthousiasme-t-elle, avant d'entraîner le visiteur vers une énorme tête de cheval en bronze, signée elle aussi Donatello. Cette sculpture au réalisme saisissant fait face à une oeuvre romaine du même sujet aux similitudes évidentes, montrant comment les artistes florentins se sont inspirés de l'art antique.

Réunir ces pièces exceptionnelles, aujourd'hui disséminées dans les plus grands musées du monde, «n'a été possible que grâce à la synergie entre la Fondation Paolozzi Strozzi et le musée du Louvre», qui accueillera l'exposition à Paris du 26 septembre au 6 janvier 2014.

«Les deux institutions se sont partagé le financement de la restauration de nombre des oeuvres, qui sont ainsi présentées sous leur meilleur jour», se réjouit Mme Paolozzi Strozzi.

Les pièces exposées proviennent donc de musées du monde entier, aussi bien européens (Victoria and Albert Museum de Londres, Bode-Museum de Berlin, Lyon, Francfort...) qu'américains (Metropolitan de New York, National Gallery de Washington, Cleveland et Detroit).

En provenance du Bode Museum justement, une magnifique Vierge à l'Enfant sculptée par Donatello, dite Madonna Pazzi, exemple par excellence de ces prototypes réalisés par les grands maîtres dans leurs ateliers et ensuite multipliés à l'infini grâce à l'utilisation de moulages, un procédé à l'époque tout à fait légitime et encouragé.

«Ces moulages, réalisés en terre cuite ou en stuc, étaient peu coûteux, si bien que n'importe quel particulier, boutique ou couvent pouvait se le permettre, à Florence mais aussi ailleurs», observe la commissaire. «Cela a permis à cette révolution esthétique de se diffuser partout, y compris hors d'Italie», contribuant au rayonnement de Florence, «nouvelle Rome, nouvelle Athènes mais aussi nouvelle Jérusalem».

Une révolution que les visiteurs peuvent aussi toucher du doigt, grâce à une salle entièrement consacrées à des moulages que tout un chacun peut prendre en main. «Prière de toucher!» proclament d'ailleurs de petits panneaux un brin provocateurs.

«C'est agréable de toucher ces oeuvres et d'imaginer comment quelqu'un a pu faire ces sculptures à partir de son imagination», confie une jeune touriste brésilienne, fascinée par la délicatesse du travail des artistes de la Renaissance.

Une petite parenthèse sensorielle et ludique dans ce parcours divisé en dix sections allant de «L'héritage des pères» aux «Nouveaux mécènes».

Le printemps de la Renaissance - La sculpture et les arts à Florence 1400-1460 - Jusqu'au 18 août, www.palazzostrozzi.org