«Je n'oublierai jamais les moments passés en sa compagnie: sa grande culture, son humour, son intelligence, son émerveillement... À travers ses yeux bleu vif, on voyait une grande bonté, une envie de mieux vous connaître et une curiosité insatiable. Surtout, je n'oublierai jamais sa confiance, ses mots d'encouragement. C'est avec gratitude et émotion que je me souviendrai toujours de ce grand homme qu'on appelait affectueusement Monsieur. » - Yannick Nézet-Séguin, chef d'orchestre

«La famille Desmarais constitue un véritable modèle d'engagement dans le milieu des arts et de la culture. M. Paul Desmarais lui-même, et à travers sa très noble ambassadrice Jacqueline Desmarais, aura participé fondamentalement au rayonnement de l'art lyrique au pays et à l'étranger. L'Opéra de Montréal et la multitude de jeunes chanteurs qui ont bénéficié de la générosité indéfectible de la famille Desmarais pleurent aujourd'hui le départ de ce grand Canadien. » - Michel Beaulac, directeur artistique de l'Opéra de Montréal

«Un grand homme vient de partir... Le moment est venu pour la société québécoise d'accéder à la maturité de reconnaître ce que ses bâtisseurs nous lèguent en héritage. Sur une note plus personnelle, toutes les fois où j'ai rencontré M. Paul Desmarais, il est évident que j'étais devant un être d'une intelligence supérieure, perspicace et aussi très sensible à ce que les autres avaient à lui dire. » - Alain Lefèvre, pianiste

«J'ai rencontré Paul Desmarais et son épouse Jackie en 1978, peu après mon arrivée à Montréal. Ils étaient souvent accompagnés par Pierre Béique [alors directeur général de l'OSM] et nous entretenions déjà une relation très amicale. D'une célébrité, Paul devint très vite une légende... À lui, ainsi qu'à toute sa famille, nous devons une part importante de l'essor artistique de Montréal durant ces dernières décennies. C'est avec une profonde émotion que nous voyons ainsi se tourner une page indélébile de la vie du Québec et du Canada tout entier.» - Charles Dutoit, ancien chef de l'OSM

«De mon point de vue, à New York, Paul Desmarais était le plus grand mécène des arts et de l'éducation au Canada. Avec sa femme Jacqueline, qui siège au conseil d'administration du Met, Paul donnait l'impression de s'impliquer avec autant de passion dans les arts que dans les affaires. Peut-être était-ce parce qu'il aimait vraiment la musique et l'opéra et qu'il les appuyait avec un enthousiasme sans limite. Grâce en grande partie au mécénat des Desmarais, le Met peut être vu dans des salles de cinéma partout au Canada, rendant ainsi l'opéra plus accessible à tous les Canadiens qui aiment l'art lyrique. » - Peter Gelb, directeur général du Metropolitan Opera de New York

«Un Mozart dans son domaine. Il a bâti un empire financier aux ramifications mondiales avec des réseaux de confiance partout sur la planète. En parallèle, c'était un homme d'une grande culture, un passionné et un grand connaisseur d'art et d'architecture. Parce que je connais la famille, je trouve que sa femme et lui ont transmis des valeurs et des principes exceptionnels à leurs enfants. Tous ceux qui connaissent la famille Desmarais sont impressionnés par leur qualité d'écoute, leur capacité à poser des questions, leur curiosité, leur sens de l'amitié et de la loyauté. Ils ne jugent pas, ils t'acceptent tel que tu es. » - Gilbert Rozon, président de Juste pour rire

«Un homme d'une grande humanité et un altruiste. Quand il a commencé dans le milieu des affaires, il y avait toujours des gens qui voulaient lui dire quoi faire. Il m'a dit: «Moi, je ne suis pas ici pour ça. Continue dans ta voie et on va t'appuyer.» Quand Mme Desmarais et lui m'ont donné le Stradivarius la Comtesse de Stainlein, il était présent pour m'entendre en jouer pour la toute première fois devant quelques personnes seulement, dont le luthier venu de Boston. On sentait toujours qu'il s'intéressait au plus haut point à ce qu'on disait et si on avait un problème, il essayait toujours de le résoudre. Ça devenait sa priorité, pas juste la nôtre.» - Stéphane Tétreault, violoncelliste

«C'était un homme sympathique, très humain, un conteur exceptionnel doté d'une mémoire phénoménale. Il connaissait à peu près tout le monde qui travaillait à Sagard par son petit nom. Il aimait l'art lyrique, mais il voulait surtout faire plaisir à sa femme Jacqueline. Ce qui m'impressionnait le plus, c'était de voir combien ils étaient amoureux après toutes ces années.» - Marc Hervieux, chanteur d'opéra

«Un des premiers grands mécènes francophones, le premier qui a donné son nom à un pavillon dans notre complexe muséal. Le nom du pavillon Jean-Noël Desmarais, c'est celui de son père, parce que c'était vraiment important pour lui de rendre hommage à sa lignée. M. Desmarais et Power Corporation nous ont fait des dons d'oeuvres de Riopelle et de Pellan, des prêts en art canadien et en art québécois. Il a beaucoup contribué non seulement à la reconnaissance de certains talents québécois, mais aussi à la démocratisation des arts. C'était un homme des Lumières, qui aimait l'art néo-classique, notamment la période Empire, et un passionné d'architecture, ce qui correspond à son destin de bâtisseur. En visitant avec lui l'expo sur Catherine la Grande, j'ai remarqué sa grande culture et son grand intérêt pour l'histoire. Les gens comme lui sont plus grands que nature et ils ont des destins totalement hors normes à l'échelle de la planète.» - Nathalie Bondil, directrice du Musée des beaux-arts de Montréal

Propos recueillis par Alain de Repentigny et Claude Gingras

Photo: archives La Presse

Charles Dutoit