Les célébrations du 50e anniversaire de la Place des Arts (PdA), qui nous rappellent les faits d'armes du célèbre complexe culturel montréalais, sont aussi l'occasion de réfléchir sur son avenir. La Presse s'est entretenue avec le directeur de la programmation de la PdA, Michel Gagnon, qui a lancé quatre défis pour assurer le rayonnement de ses six salles de spectacles.

Occuper la salle Wilfrid-Pelletier

Depuis l'inauguration de la Maison symphonique, il y a deux ans, la salle Wilfrid-Pelletier a connu une baisse de fréquentation instantanée avec un déficit de 80 spectacles par année. Plus de 100 jours d'inoccupation en incluant les périodes de répétitions, selon Michel Gagnon. Le défi est donc de taille aujourd'hui pour remplir cette salle de 3000 places, la plus grande de Montréal. «On travaille là-dessus depuis quatre ans, nous dit Michel Gagnon. Wilfrid-Pelletier, c'est le poumon de la Place des Arts et notre source d'équilibre financier. On a programmé des comédies musicales en tournée comme Le roi lion ou Wicked. Il y aura aussi de plus en plus de one nighters avec des artistes pop comme Prince, Phil Collins ou encore la chanteuse portugaise Mariza. Plus que jamais, je suis à la recherche de spectacles de tournée à grand déploiement. On travaille beaucoup en réseau. Notamment avec le Centre national des arts d'Ottawa et le Sony Center de Toronto, une salle de taille équivalente qui a vécu la même chose que nous avec le départ du Ballet national et de l'Opéra.»

Jouer un rôle de diffuseur et de coproducteur

Historiquement, la Place des Arts a été un locateur de salles, coproduisant à l'occasion des projets artistiques, en particulier dans de petites salles comme la Cinquième Salle (dont la programmation est assurée par Michel Gagnon). Mais avec la construction de la Maison symphonique et la migration des ensembles musicaux comme l'Orchestre métropolitain, la PdA n'a plus le choix, elle doit jouer un rôle accru en tant que diffuseur. «On ne va plus simplement louer nos salles à des producteurs, dit-il. On doit agir à titre de diffuseur et même coproduire des spectacles. On doit prendre le risque financier comme n'importe quel producteur privé. S'il faut qu'on achète le spectacle, qu'on paie un cachet fixe, qu'on organise le transport et l'hébergement, qu'on fasse le marketing et qu'on s'occupe de la vente des billets, on va le faire. Il faut que chacun de ces projets fonctionne par lui-même et fasse ses frais, parce qu'on ne reçoit pas de subvention ou d'argent public pour ces spectacles.»

Diversifier son offre de spectacle

Chacune des six salles de la Place des Arts a sa vocation, mais le directeur de la programmation de la Place des Arts veut diversifier l'offre, afin de présenter des spectacles «contemporains», peu importe la discipline. Michel Gagnon s'est notamment tourné vers le cirque. D'abord avec La vérità l'an dernier, de Daniele Finzi Pasca, puis avec Cirkopolis du Cirque Éloize en novembre. Des discussions sont également en cours avec Les 7 doigts de la main pour présenter la pièce A Muse. «Ce sont des spectacles d'envergure conçus pour être présentés dans des théâtres à l'italienne», précise Michel Gagnon. On espère en présenter au moins un par année.

Outre le cirque, la direction de la PdA veut programmer au Théâtre Maisonneuve (salle de 1400 places) plus de danse, du théâtre musical (il a programmé Le chant de sainte Carmen de la Main et Cabaret cette année) ainsi que des spectacles de variétés. «Nous sommes très présents dans les marchés et les festivals pour programmer des spectacles de qualité», insiste M. Gagnon.

Rajeunir sa clientèle

Les compagnies résidantes de la Place des Arts - le Théâtre Jean-Duceppe, l'Opéra de Montréal et Les Grands Ballets canadiens - font toutes un effort pour attirer une clientèle plus jeune, affirme Michel Gagnon, notamment en programmant des matinées scolaires. «Avec la Cinquième Salle, qui propose des spectacles de création pluridisciplinaires, la programmation du grand foyer culturel [l'espace Georges-Émile-Lapalme| et celle de PdA Junior, qui attire des familles, on a rajeuni notre public. Mais c'est un réel défi, admet-il. On a aussi moins d'abonnements qu'avant. Les gens veulent avoir le choix, ils veulent bouger.» Les producteurs qui louent les salles de la PdA ont amené une nouvelle clientèle, nous dit aussi Michel Gagnon, qui évoque l'arrivée du groupe Juste pour rire (il y a trois ans). C'est la même chose pour les festivals qui élisent domicile à la Place des Arts pendant l'année, qui ont aussi contribué à rajeunir la clientèle, que ce soit avec le Festival TransAmérique (FTA), le Festival international de littérature (FIL) ou le Festival des films sur l'art (FIFA).