L'unité de soins aigus en gériatrie du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) risque de fermer ses portes d'ici la fin du mois pour permettre à l'établissement de boucler son budget. Dans une lettre que La Presse a obtenue, le directeur du service de gériatrie lance un cri du coeur pour empêcher la fermeture de ces 15 lits qui accueillent des aînés parmi les plus vulnérables de la société.

« Nous nous devons d'intervenir pour empêcher cette catastrophe clinique de survenir », écrit le Dr José A. Morais dans une lettre adressée au médecin en chef du CUSM, le Dr James Martin.

L'unité de soins aigus en gériatrie du CUSM accueille des patients, souvent polymédicamentés, admis pour des conditions graves et complexes, dont des chutes ou de la confusion aiguë. « On est loin des soins de longue durée », résume la Dre Catherine Brodeur, qui travaille au sein de l'unité.

Dans sa lettre, le Dr Morais explique que, déjà, le service de gériatrie du CUSM a subi d'importantes coupes au cours des dernières années. Alors que l'on comptait 45 lits de soins aigus en 2012, on n'en compte plus que 15, tous situés à l'Hôpital général de Montréal.

« Tout ça a été fait alors que la demande pour ces lits ne cesse d'augmenter puisque la population vieillit », écrit le Dr Morais.

La Dre Brodeur, membre du conseil général de l'Association des médecins gériatres du Québec, confirme que l'offre de soin en gériatrie est insuffisante à Montréal.

Diminution de lits

En décembre, le quotidien The Gazette a révélé que le CUSM devait revoir ses activités cette année, car il ne sera financé qu'en fonction d'un taux d'occupation de 85 %. Depuis l'ouverture de son nouveau campus, le CUSM affiche un taux d'occupation de 91 %. Le nombre de lits utilisés devra passer de plus de 850 à 832.

En début de semaine, le Journal de Montréal a révélé que le CUSM devrait notamment couper de 1000 à 1500 chirurgies par année pour respecter ce nouveau budget.

Le porte-parole du CUSM, Richard Fahey, explique que « plusieurs scénarios » sont présentement étudiés pour respecter l'objectif de diminuer le nombre de lits au CUSM. Les fermetures de lits qui devront être effectuées dans le service de médecine, dont fait partie la gériatrie, n'ont toutefois pas encore été confirmées. « Le plan sera connu au cours des prochains jours », dit-il.

Soins nécessaires

Dans sa lettre, le Dr Morais note que l'unité de soins aigus en gériatrie aide à libérer des lits sur les étages du CUSM en prenant en charge les cas les plus complexes d'aînés qui, sans soins spécialisés, peuvent être hospitalisés durant des mois.

« Plusieurs cas de patients souffrant de démence complexe requièrent l'expertise d'équipe de deuxième et de troisième ligne, comme l'unité de soins aigus en gériatrie du CUSM, dit-il. Fermer cette unité n'aidera pas à libérer des lits aux étages et à désengorger les urgences ».

Sans unité de soins aigus, les gériatres du CUSM devront intervenir auprès des patients âgés hospitalisés un peu partout au CUSM. 

Joint par La Presse, le Dr Morais n'a pas voulu commenter la situation, expliquant que des discussions sont en cours « pour trouver des scénarios qui permettent la viabilité du système ».