Les cocktails «diète» rendent saoul plus vite, selon une nouvelle étude américaine. Le taux d'alcool peut être jusqu'à 20% plus élevé.

«Nous avons au départ étudié les cocktails faits avec les boissons énergisantes de type Red Bull», explique l'auteure principale de l'étude publiée dans la revue Drug and Alcohol Dependence, Cecile Marczinski de l'Université Northern Kentucky. «Nous nous sommes rendu compte que les cocktails faits avec des sodas hypocaloriques avaient aussi un effet différent des cocktails normaux.»

Les psychologues du Kentucky ont fait leur étude avec un petit nombre de cobayes, 10 étudiants de chaque sexe. Ils prenaient une quantité d'alcool équivalente, soit dans des cocktails hypocaloriques, soit dans des cocktails normaux, au fil de cinq séances en autant de jours. Résultat: l'alcoolémie augmentait beaucoup plus avec les cocktails hypocaloriques et la différence perdurait pendant plus d'une heure.

«Notre hypothèse est que l'alcool des cocktails hypocaloriques est absorbé plus rapidement par l'estomac et l'intestin à cause de l'absence de sucre, explique Mme Marczinski. Nous avons fait des essais ultérieurs dans un simulateur de conduite et les gens qui prenaient des cocktails hypocaloriques étaient réellement plus affectés. Étant donné que les gens sont de plus en plus soucieux de leur poids et que dans les universités ils préfèrent souvent les cocktails hypocaloriques, ce sont des résultats inquiétants.»

Peu populaire au Québec

Chez Éduc'alcool, le président Hubert Sacy avait déjà entendu parler de l'étude quand La Presse lui a demandé de la commenter. «On ne voit pas encore beaucoup de cocktails "diète" ici, mais ça pourrait devenir plus populaire parce que les gens ont de plus en plus une préoccupation de santé et d'apparence», dit M. Sacy.

Les femmes sont plus à risque, parce qu'elles surveillent souvent plus leur ligne et que l'alcool les affecte davantage à cause de leur plus faible poids, selon la psychologue américaine. «Un Coke hypocalorique plutôt qu'un Coke normal peut réduire de 100 calories le bilan d'un cocktail. Plusieurs étudiantes étaient bien au courant de ce calcul.»

La corrélation entre l'alcoolémie mesurée dans l'haleine et celle dans le sang pourrait aussi être affectée, selon Mme Marczinski, qui veut éclaircir cette question dans une étude subséquente (celle qui vient d'être publiée ne concernait que l'haleine). M. Sacy a d'ailleurs avancé que si l'alcoolémie mesurée dans l'haleine est plus élevée que celle dans le sang avec les cocktails hypocaloriques, cela pourrait inspirer des avocats de la défense.

La psychologue du Kentucky veut aussi vérifier si l'impact différent des cocktails hypocaloriques survient surtout avec un estomac vide, ou alors également quand on boit durant un repas.

Qu'en est-il des cocktails avec des boissons énergisantes? «Ils ne saoulent pas plus qu'un cocktail ordinaire, dit Mme Marczinski. Mais ils donnent de l'énergie et diminuent le sentiment d'intoxication. Les gens ont tendance à boire davantage de cocktails énergisants que de cocktails normaux.»

0,08

Alcoolémie mesurée dans l'haleine d'un homme de 80 kg ayant bu cinq onces de vodka avec un soda hypocalorique

0,06

Alcoolémie mesurée dans l'haleine d'un homme de 80 kg ayant bu cinq onces de vodka avec un soda normal

Source: Drug and Alcohol Dependence