Depuis cinq ans et demi, 45 millions de faux comprimés de Viagra ont été saisis dans le monde. Avec Cialis, c'est le médicament falsifié le plus vendu. Y compris au Québec. Qu'arrive-t-il aux Montréalais qui se risquent à en fabriquer, à en vendre ou à en importer? Voici sept procès et poursuites pour le comprendre.

Des pilules trempées dans la peinture

> Qui ?

Deux frères, Gilles Girouard, 66 ans, et Pierre Girouard, 65 ans

> L'histoire

En se présentant dans un laboratoire de fabricants de drogues de synthèse de Repentigny, en 2008, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a eu la surprise de découvrir un coffre-fort grand comme un frigo, rempli de pilules jaunes et bleues imitant le Cialis et le Viagra. Un grand baril de peinture du même bleu trônait juste à côté.

> Peine 

10 000 $ d'amende pour la fabrication de faux médicaments, plus 5 ans de prison pour le trafic simultané de drogues dures

Vendre des érections sur l'internet

> Qui ?

Deux colocataires de Côte-Saint-Luc, Michael Benabou, 28 ans, et Steven Singer, 48 ans

> L'histoire

En 2010 et en 2011, les deux complices annonçaient leurs capsules de faux Viagra, Cialis et Levitra sur des sites web et les vendaient dans leur appartement. À l'enquête préliminaire, la GRC a raconté y avoir trouvé des pilules de toutes les couleurs et de toutes les formes imaginables (cachées un peu partout dans différents contenants), des capsules vides, de la poudre, des papiers venant de l'Inde et de la Chine ainsi que de fausses armes.

> Peine 

18 mois de prison avec sursis pour Michael Benabou, qui vendait aussi de l'ecstasy. Son complice est mort.

Blitz dans des boutiques de produits érotiques

> Qui ?

La propriétaire de la boutique montréalaise L'orgasme, Julie Brunelle, 36 ans (de Sainte-Marthe-sur-le-Lac), et son père Paul Brunelle, 63 ans (de Saint-Eustache)

> L'histoire

En août 2009, après un an et demi d'enquête, la GRC a démantelé un réseau de production de faux Viagra distribué dans les boutiques de produits érotiques de la région de Montréal et de Laval. Elle a alors arrêté 9 personnes et saisi 15 000 pilules en plus de dizaines de milliers de dollars.

> Peine 

12 mois avec sursis pour Paul Brunelle, et 13 000 $ d'amende pour Julie Brunelle.

Faux café à la douane

> Qui ?

Un résidant de Rivière-des-Prairies et propriétaire d'une société de réseautique, Serge Lajoie, 47 ans

> L'histoire

Lajoie se rendait en Thaïlande pour acheter des sachets de sildénafil en gel baptisé Kamagra. Il les cachait dans des contenants de « café diététique » et de « thé aux épices », qu'il se postait. En mars 2012, les douaniers ont saisi 1932 de ses sachets, puis ont fouillé son domicile du grenier au cabanon et y ont trouvé d'autres sachets, cachés dans la trousse de premiers soins d'un sac de plongée sous-marine.

> Peine 

10 000 $ d'amende en vertu de la Loi sur les douanes et de la Loi sur les aliments et drogues.

De vrais pharmaciens qui vendent du faux

En 2005, après six mois d'enquête, la GRC a accusé Andrew Sommerhalder, pharmacien de Richmond Hill, en Ontario, d'avoir vendu du faux Viagra dans ses deux pharmacies et sur l'internet. Les douaniers avaient remarqué des livraisons suspectes.

Même histoire en avril dernier. Un pharmacien de Chicago, Michael Markiewicz, a été accusé de vendre de faux comprimés de Viagra et de Cialis. D'après la poursuite, il en avait commandé trois fois en Chine, par l'internet, et les comprimés étaient arrivés dans de petits sacs, cachés dans le double fond de boîtes de stylos ressemblant étrangement à d'autres saisies par la suite par la GRC.

Hezbollah Viagra

En mars 2006, les États-Unis ont arrêté deux Montréalais (l'ex-imam Abdel-Hamid Sinno, 59 ans, et Hassan Mohamad Srour, 37 ans) et trois Ontariens (dont un chauffeur de taxi, Karim Hassan Nasser). D'après les autorités, leur réseau vendait du faux Viagra et des cigarettes, ce qui leur aurait permis d'amasser un demi-million de dollars chaque mois et de financer les activités des terroristes du Hezbollah libanais.

Deux procès à venir

En 2011 et en 2012, les douaniers ont saisi plus de 250 000 capsules, comprimés et pellicules contenant des ingrédients chimiques semblables à ceux du Viagra et du Cialis. Ils accusent un homme de Côte-Saint-Luc (Alain Elmaleh, 52 ans), un homme de Repentigny (Alain Richer, 50 ans) et leurs 12 sociétés à numéro d'avoir voulu introduire le tout en contrebande en déclarant importer des bonbons, de la nourriture et des suppléments naturels.

En 2009, les douaniers avaient déjà saisi 25 kg de sildénafil dans des sacs thermos scellés - de quoi faire jusqu'à 250 000 comprimés de faux Viagra. Selon ce que la poursuite a dit à l'enquête préliminaire, un résidant du quartier Notre-Dame-de-Grâce (Alex Frappier, 32 ans) a acheté le tout en Chine et déclaré qu'il s'agissait d'un agent de blanchiment.