Des hôpitaux de Montréal sont aux prises avec des éclosions de bactéries résistantes aux antibiotiques qui perdurent depuis plusieurs mois, une situation inhabituelle pour cette période de l'année.

Les éclosions d'entérocoques résistants à la vancomycine (ERV) obligent certains hôpitaux à limiter les visites aux patients, dans l'espoir de les enrayer.

C'est le cas de l'hôpital du Sacré-Coeur. Touché par la présence de la bactérie depuis l'hiver dernier, l'établissement doit encore appliquer des «mesures exceptionnelles» plusieurs mois plus tard.

Les éclosions d'ERV sont fréquentes, mais sont généralement concentrées à la fin de l'hiver et au début du printemps. L'an dernier, toutefois, la grippe a frappé aux portes beaucoup plus tôt qu'à l'habitude, entraînant une augmentation du nombre de patients dans les hôpitaux, ce qui a favorisé les éclosions de bactéries résistantes.

Des mois plus tard, tout n'est pas encore rentré dans l'ordre. La situation est suivie de près par l'Agence de la santé de Montréal, à l'aube d'une nouvelle saison de grippe.

«À Montréal, nous avons plusieurs hôpitaux qui sont confrontés à ce genre de situation actuellement», indique la Dre Renée Paré, médecin-conseil à la Direction de santé publique de Montréal. Ce ne sont toutefois pas tous les hôpitaux concernés par des éclosions qui doivent mettre en place des mesures exceptionnelles allant jusqu'à limiter les visites.

Les entérocoques se retrouvent naturellement dans le corps, mais certaines personnes sont porteuses d'une forme résistante aux antibiotiques, les ERV.

Les ERV peuvent vivre longtemps dans l'environnement, que ce soit sur les meubles ou les poignées de porte, si bien qu'il est parfois difficile de s'en débarrasser. Des mesures de prévention comme le lavage des mains et la désinfection des chambres sont de mise.

Ce type de bactéries résistantes aux antibiotiques est moins dangereux que le Clostridium difficile ou le SARM. Les personnes très malades, atteintes d'un cancer ou dont le système immunitaire est affaibli peuvent toutefois présenter des complications plus graves comme des infections urinaires, des plaies ou même du sang.

Les hôpitaux sont obligés de déclarer les cas dès que deux patients ou plus sont touchés. Le nombre d'éclosions a considérablement augmenté au cours des dernières années, indiquent les dernières données disponibles à l'Institut national de santé publique du Québec, qui datent de 2010-2011. Le nouveau rapport est attendu cet automne. La région de Montréal semble plus touchée que les autres.

Chaque éclosion concerne généralement moins de 10 cas, précise la Dre Paré. Le problème réside dans le fait que sitôt une éclosion résorbée, une autre se déclare dans une autre unité. C'est ce qui fait en sorte que des hôpitaux montréalais sont toujours aux prises avec des éclosions d'ERV en ce début d'automne.

Éclosions à l'hôpital du Sacré-Coeur

L'hôpital du Sacré-Coeur est l'un des hôpitaux montréalais aux prises avec les ERV depuis plusieurs mois. Encore aujourd'hui, les heures de visite sont limitées en raison des éclosions.

L'hôpital est vieux, et il n'est pas rare que quatre ou cinq patients partagent la même chambre, souligne la porte-parole de l'hôpital, Josée-Michelle Simard. «Quand un cas se déclare, il faut faire attention à tous les autres patients dans la chambre. Le niveau de vigilance est très élevé et nous demandons encore de limiter les visites pour éviter les recrudescences.»

L'hôpital a cessé les transferts de patients dans certaines unités, pour éviter que la bactérie ne se répande davantage. Un comité de suivi fait le point régulièrement pour discuter de la stratégie à mettre de l'avant. Tous les patients aux urgences font l'objet d'un dépistage. Les mesures de prévention et de nettoyage ont été accrues, mais la présence d'ERV persiste toujours, plusieurs mois plus tard, ce qui épuise le personnel, note Mme Simard.