Au Canada, les Québécois sont en avance quant à la réflexion sur les soins en fin de vie et l'Association médicale canadienne se penche justement sur cette question, entre autres, à l'occasion de son assemblée annuelle qui a commencé lundi à Calgary.

Le président de l'Association médicale du Québec, le Dr Laurent Marcoux, qui assiste à l'assemblée, a confirmé en entrevue que les Canadiens s'intéressent de plus en plus à cette question, tout comme les Québécois.

«Le Québec, oui, on pourrait dire qu'il est un leader en cette matière, parce que depuis déjà quatre ans des discussions se font au Québec au niveau politique et au niveau médical à ce sujet-là. Donc, on peut dire que le Québec est sinon un leader, du moins en avance sur la réflexion. On est rendu au fait qu'on a déposé un projet de loi à la mi-juin et qu'il va y avoir une commission parlementaire» sur la question en septembre prochain, a souligné le Dr Marcoux.

Au cours d'une conférence de presse, la présidente de l'Association médicale canadienne, la Dre Anna Reid, a confirmé que le débat préoccupe aussi les médecins canadiens, qui restent divisés sur la question.

«Même si les médecins s'y intéressent; il faut un débat plus large. Il nous faut un portrait plus global de ce qu'en pensent les Canadiens. C'est la société qui doit mener la discussion», a opiné la Dre Reid.

La nouvelle ministre fédérale de la Santé, Rona Ambrose, qui a assisté à l'assemblée de l'AMC, a cité parmi ses priorités les soins aux populations autochtones et aux aînés, a rapporté la Dre Reid, mais la ministre n'a pas donné davantage de précisions.

Canadiens préoccupés

À l'occasion de son assemblée annuelle, l'AMC a par ailleurs dévoilé un sondage portant plus largement sur les soins aux aînés.

Il en ressort que les Canadiens semblent très préoccupés par les soins de santé pour les aînés et que, dans tout le pays, il n'y a qu'au Québec où une majorité de gens croit que les hôpitaux et les centres de soins de longue durée suffiront pour répondre à leurs besoins, dans leur région.

Ainsi, 89 % des répondants ont dit croire que les soins donnés aux aînés représentaient un problème d'intérêt national, qui devrait intéresser tous les ordres de gouvernement: fédéral, provinciaux et municipaux.

Même au Québec, traditionnellement plus autonomiste, 71 % des répondants ont dit croire que le gouvernement fédéral «a un rôle important à jouer dans l'élaboration d'une stratégie nationale liée aux aînés».

Interrogé à ce sujet, le Dr Marcoux a dit croire que les Québécois tenaient notamment à ce que le gouvernement fédéral joue un rôle accru en finançant adéquatement la santé par les ententes qu'il signe avec les provinces.

De même, dans chaque province, c'est une minorité qui se dit convaincue que les hôpitaux et les CHSLD seront capables de gérer les besoins des aînés dans leur région. Ce sont ainsi 38 % des Ontariens, par exemple, et 33 % des Albertains. Seule exception: le Québec, où une faible majorité, soit 56 % des répondants, croient qu'ils suffiront à la tâche dans leur région.

De plus, environ 60 % des Canadiens estiment qu'ils devront compter sur le système public s'ils ont besoin de soins à domicile ou de soins de longue durée lorsqu'ils seront à la retraite.

Là encore, les Québécois misent plus que les autres Canadiens sur ces soins dispensés par le système public. Ils sont ainsi 72 % à dire qu'ils devront compter sur le système public s'ils ont besoin de soins à domicile ou de soins de longue durée, comparativement à 50 % des répondants en Alberta et 55 % en Ontario.

Environ 34 % des répondants au Canada ont rapporté avoir fait des plans pour s'assurer d'avoir les moyens d'obtenir des soins de longue durée ou des soins à domicile, au besoin.

Le sondage Ipsos Reid a été mené auprès de 1000 répondants adultes, du 17 au 26 juillet. Il comporte une marge d'erreur de 3,1 points de pourcentage, dans 95 % des cas.