L'augmentation des cas de lymphogranulomatose vénérienne (LGV), une infection transmise sexuellement, inquiète les autorités de la santé publique, qui mettent en garde les médecins et infirmières devant cette éclosion touchant particulièrement la communauté gaie.

Huit cas ont été rapportés à la Direction de la santé publique de Montréal (DSP) de la mi-juin à la mi-juillet, alors que la moyenne annuelle des dernières années est de neuf cas.

Depuis janvier, déjà 18 patients ont reçu un diagnostic d'infection par la LGV - tous des hommes ayant eu des relations sexuelles avec d'autres hommes.

Cette éclosion a incité la DSP à faire parvenir un «appel à la vigilance» cette semaine, autant dans les cliniques que dans les hôpitaux.

«Il y a vraisemblablement un noyau où l'infection se transmet. On constate que quelque chose se passe sur le territoire», note la Dre Sandra Palmieri, médecin spécialiste en santé communautaire à la DSP.

La lymphogranulomatose vénérienne est une infection transmise sexuellement lors d'une relation orale ou par pénétration. Elle est apparue au tournant des années 2000, en provenance principalement des pays africains et des Caraïbes.

«C'est une maladie relativement difficile à diagnostiquer. Il n'existe pas de test de dépistage», explique le Dr Réjean Thomas, de la clinique médical l'Actuel, spécialisée dans les infections transmissibles sexuellement ou par le sang (ITSS).

La personne infectée ne démontre parfois aucun symptôme. Un prélèvement doit être fait, et il peut s'écouler plusieurs semaines avant de recevoir le diagnostic. Pendant ce temps, la personne reste contagieuse pour ses partenaires tant qu'elle n'est pas traitée avec des antibiotiques.

Manque de connaissances

Les médecins ne connaissent pas toujours bien les ITSS. Les patients se promènent parfois d'un cabinet à l'autre avant d'obtenir le bon diagnostic, souligne le Dr Thomas.

Cette semaine, il a ainsi reçu à son cabinet un patient probablement atteint de LGV ou de syphilis qui s'était fait prescrire une crème de cortisone pour traiter l'eczéma par deux médecins différents au cours du dernier mois.

Plusieurs facteurs contribuent à l'éclosion de LGV. Le fait que «la maladie soit difficile à diagnostiquer, une formation inadéquate des médecins et la question des comportements sexuels non sécuritaires plus importants» sont du nombre, souligne d'ailleurs le Dr Thomas.

Hausse des ITSS

Depuis une quinzaine d'années, on assiste à une recrudescence des ITSS au Québec, particulièrement dans la métropole.

Pratiquement disparue, la syphilis est maintenant revenue en force. Une épidémie de cas d'hépatite C inquiète aussi les autorités.

La situation est préoccupante au point de donner lieu à un rapport du directeur de la santé publique de Montréal en 2010.

Les hommes qui ont des relations avec d'autres hommes sont particulièrement touchés par cette recrudescence des ITSS, incluant les cas de VIH. Ils constituent l'un des groupes ciblés en priorité par la DSP.

«La LGV, la syphilis, le VIH, en plus de la gonorrhée, tout cela nous montre qu'il y a beaucoup de transmission d'infections transmises sexuellement dans cette population et qu'il y a vraiment des efforts de prévention à faire, ainsi que des efforts pour les rejoindre et les dépister», indique la Dre Carole Morissette, médecin responsable des ITSS à la Direction de la santé publique de l'Agence de Montréal.