Le nombre de détenus dans les prisons fédérales ayant révélé être infectés par le VIH/sida a connu une baisse de 32% en cinq ans, a appris La Presse. Cette diminution laisse croire à une meilleure prévention ainsi qu'à une bonification des soins, selon les experts.

Entre 2007 et 2012, 1248 détenus ont déclaré être infectés par le VIH/sida; 170 prisonniers fédéraux ont affirmé être infectés en 2012, comparativement à 253 en 2007, selon les chiffres obtenus par la Loi sur l'accès à l'information.

Le Québec est l'une des provinces où le nombre de prisonniers infectés déclarés a chuté le plus en cinq ans - soit de 62,7%. Dans l'ensemble des provinces canadiennes, seulement celles de la région des Prairies ont connu une augmentation de 10% en cinq ans.

En guise d'exemple, le nombre de cas rapportés de VIH/sida est passé de 24 en 1989 à 204 en 2005. Cela signifie que «l'on savait que 1,66% des détenus d'établissements fédéraux étaient séropositifs», a écrit en 2008 le Réseau juridique canadien VIH/sida dans un de ses feuillets d'information.

Des résultats encourageants, estime le Service correctionnel du Canada (SCC).

«Le SCC est tenu par la loi de fournir aux délinquants les soins de santé essentiels ainsi que des soins non essentiels pouvant contribuer à leur réinsertion sociale et à leur réadaptation», a expliqué dans un courriel

Véronique Rioux, responsable des relations avec les médias.

Aucune obligation de divulgation

La Dre Marie-Ève Morin a travaillé pendant quatre ans dans les prisons fédérales et est spécialiste des clientèles toxicomanes. Selon elle, il est difficile de connaître le nombre exact de détenus infectés, parce qu'ils « n'ont aucune obligation de divulguer l'état de leur santé ou encore de passer le test de dépistage».

Par contre, elle constate que les soins prodigués aux détenus infectés «sont mieux pris en charge», ce qui réduit les risques de contaminer d'autres détenus.

La diminution du nombre de médicaments que doivent prendre les personnes infectées dans le cadre des soins associés à la trithérapie a également eu une incidence chez les détenus, selon la Dre Morin.

«Les détenus ne veulent pas dire entre eux qu'ils ont le VIH/sida et veulent le cacher. Avec un seul médicament à prendre, ça devient plus facile de passer inaperçu maintenant», remarque-t-elle.

Figure de proue de la lutte contre le sida au Québec, le Dr Réjean Thomas «remarque une baisse des personnes infectées chez les toxicomanes depuis cinq à dix ans».

Malgré cette diminution, le Dr Thomas propose d'inclure le dépistage du sida dans le bilan de santé de chaque patient.

- Avec la collaboration de William Leclerc