Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, a envoyé un message clair, ce matin, aux Groupes de médecine familiale (GMF) : ce dernier est prêt à couper le financement des cliniques qui ne suivent pas suffisamment de patients et qui sont fermées les soirs et week-ends.

« Il faut y mettre un peu de rigueur, faire le ménage », a-t-il déclaré lors d'une allocution à Montréal.  « On sait qu'il y a 43 % des GMF qui n'atteignent pas la cible des inscriptions et 40 % qui n'ouvrent pas les soirs ou les fins de semaine. Ça va faire là! On paye pour ça! »

Règle générale, les GMF doivent suivre 15 000 patients, offrir des heures d'ouverture cinq soirs par semaine et offrir cinq heures de services les samedis et dimanches.

Cette année, 40 des 258 GMF de la province tenteront de renouveler leurs contrats avec le gouvernement, qui leur alloue entre 400 000 $ et 500 000 $, notamment afin qu'ils embauchent d'autres professionnels de la santé afin d'améliorer l'accès à des soins médicaux. Or, les GMF en processus de renouvèlement qui ne respectent pas leur contrat risquent de perdre leur financement. « Il y aura une année de grâce et si après un an ils n'ont pas corrigé la situation, nous allons demander à un autre groupe de prendre la relève », a-t-il précisé plus tard en point de presse.

Le ministère de la Santé veut ouvrir jusqu'à 300 GMF à travers la province. « Moi, mon objectif c'est que les Québécois aient un médecin de famille. Si on n'atteint pas 300 parce qu'on a été obligés d'en retirer, moi, ça ne m'empêchera pas de dormir. Le public est prêt à payer, mais seulement s'il peut avoir accès, donc s'il n'y a pas d'accès, on retire les fonds. »

Le ministre a par ailleurs affirmé qu'il avait reçu l'appui de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), le syndicat qui représente les 8000 médecins de famille de la province.

En entrevue avec La Presse, Le Dr Louis Godin, le président de la FMOQ a cependant tenu à préciser que plusieurs GMF ont eu la permission de réduire le nombre de patients qu'ils suivaient ou de ne pas se coller aux heures d'ouverture exigées dans le cadre original des GMF, élaboré il y a plus de 10 ans. « Ça fait longtemps que l'on demande que ce cadre-là soit revu », a-t-il expliqué. « En même temps, on ne permettra pas au ministre de fermer des GMF à l'aveugle. La réalité est très différente d'une région à l'autre. Par exemple, il est impensable de demander à des GMF en région qui ont 6 médecins qui doivent travailler la moitié de leurs heures à l'urgence de prendre 15 000 patients alors que la moyenne au Québec est de 1000 par médecin. »

M. Godin n'écarte pas la possibilité de revoir les subventions en fonction de la grosseur des GMF et des territoires qu'ils desservent. « Il faut traiter les GMF avec équité. »

Le ministre Hébert a confirmé que le ministère de la Santé planchait actuellement sur un nouveau cadre de gestion des GMF.