Hubert Chrétien est cofondateur et directeur général de Liberté en profondeur, un organisme qui enseigne la plongée aux personnes handicapées. Dystrophie musculaire, paraplégie ou même quadriplégie, l'instructeur passionné ne refuse presque personne. Plusieurs de ses élèves sont devenus des plongeurs aguerris, allant même jusqu'à explorer la mer Rouge ou la Grande Barrière de corail en Australie. La Presse et Radio-Canada nomment Hubert Chrétien Personnalité de la semaine.

Hubert Chrétien a toujours fui les projecteurs. Ce «fils de politicien célèbre» affirme être plus à l'aise dans les profondeurs de l'océan que sur la terre ferme. «Il y a, sous l'eau, cette impression de calme qui m'apaise, le fait de ne plus sentir le poids de mon corps», avoue-t-il.

Hubert Chrétien a eu le coup de foudre pour la plongée sous-marine à l'âge de 11 ans. Ses premières plongées ont eu lieu à la piscine, puis en eaux libres, au Lac des Piles à Shawinigan. «J'ai toujours aimé être dans l'eau. Très jeune, j'avais de graves allergies, et le seul endroit où je ne me grattais pas, c'était sous l'eau.»

L'homme de 47 ans a plongé aux quatre coins de la planète, mais contrairement à certains de ses élèves, il lui reste encore la Grande Barrière de corail à découvrir. Une de ses plongées mémorables reste, pour l'instant, l'Antarctique où il a côtoyé des phoques léopards, des prédateurs redoutables. «S'ils ont bien mangé avant, ils nous laissent tranquilles», souligne-t-il.

Difficile pour le moniteur d'expliquer exactement d'où vient l'idée d'enseigner la plongée à des personnes ayant un handicap physique. Pour lui, le tout s'est fait naturellement. «Je me souviens très bien, par contre, qu'une jeune fille handicapée de mon école m'avait confié qu'elle se sentait libre uniquement lorsqu'elle était dans l'eau. Et ça, ça m'avait profondément touché.»

Le seul au Canada

Hubert Chrétien est membre de la Handicap Scuba Association (HSA), la première et unique certification internationale de plongée pour les personnes handicapées. Il est le seul directeur de programme HSA au Canada. Outre la technique, le plongeur enseigne aussi les fondements de la physiologie et de la psychologie, reliés aux handicaps physiques.

Au-delà des notions d'apprentissage, certains participants sortent bien souvent de ce cours, motivés à faire du sport, à voyager ou tout simplement à entreprendre des activités qu'ils croyaient hors de leur portée. «J'ai des élèves qui sont rendus à 300 plongées, un autre est presque à 500. C'est ça qui me motive.»

Cet enseignement particulier fait cependant grimper les coûts de l'activité. Par exemple, un élève aura généralement son propre instructeur et un assistant. Mais grâce à des dons, les participants n'ont qu'à débourser le prix d'un cours de plongée régulier. Et une fois leur certification obtenue, elle est valide à travers le monde.

Bien entourées, ces personnes peuvent ensuite plonger à nouveau. «Mes élèves reçoivent la même certification qu'un plongeur sans handicap qui suit un cours. Mais certaines restrictions peuvent être ajoutées pour leur sécurité», précise-t-il.

Hubert Chrétien passera l'été à voyager, surtout en Gaspésie, pour des certifications en eaux libres avec ses futurs diplômés. L'instructeur enseigne pendant l'automne, l'hiver et au printemps, puis plonge tout l'été. Il est évidemment accompagné d'un «buddy», qui le surveille, lui, plutôt que le participant. «S'il m'arrive quelque chose, il est là pour prendre le relais.»

L'instructeur se rendra aussi à Bonaire, dans les Antilles néerlandaises, avec plusieurs groupes d'élèves. Ces derniers doivent débourser eux-mêmes les frais du voyage.

Hubert Chrétien espère pouvoir plonger avec ses élèves plusieurs années encore. «Tant que mon dos ne me lâchera pas et que je pourrai les sortir de l'eau, je vais continuer.»

S'il se blesse, ne croyez surtout pas qu'il s'arrêtera pour autant. «Je n'aurai qu'à me concentrer exclusivement sur l'enseignement.»