Le gouvernement Marois a rendu l'opposition furieuse avec son intention de nommer l'ancien chef bloquiste Gilles Duceppe à la tête d'une commission d'enquête sur l'assurance emploi.

Le choix des autres membres de la commission ne fera rien pour calmer le jeu. La commission sera le premier geste de la stratégie de «gouvernance souverainiste» que compte annoncer, demain matin, le ministre responsable du dossier, Alexandre Cloutier.

Des quatre commissaires chargés de scruter les changements du gouvernement fédéral à l'assurance emploi, aucun n'est susceptible de causer une surprise: tous sont associés depuis longtemps au Parti québécois (PQ) ou ont ouvertement décrié les orientations adoptées par le gouvernement conservateur.

L'ancienne ministre péquiste Rita Dionne-Marsolais, titulaire du Tourisme et brièvement de la Culture sous Jacques Parizeau, sera de l'équipe de Gilles Duceppe. D'ici la fin de l'année, elle sillonnera le Québec pour sonder les reins et les coeurs sur les changements imposés par le gouvernement Harper à l'assurance emploi.

Après le départ de M. Parizeau, Mme Dionne-Marsolais a été, sous Lucien Bouchard, responsable de l'Industrie, puis du Revenu. Elle ne s'est pas représentée en 2008, mais le gouvernement Marois l'a nommée, récemment, au conseil d'administration de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Pour appuyer le tandem Duceppe et Dionne-Marsolais, Pauline Marois a choisi un duo de mandarins qui, encore une fois, ne sont pas susceptibles de causer de surprises. La commission Duceppe a trouvé d'abord un rédacteur tout désigné, qui sera aussi commissaire. Haut fonctionnaire depuis les années 80, Yvon Boudreau a été au ministère de l'Emploi et est passé au conseil exécutif sous Lucien Bouchard. Il a été sous-ministre adjoint ou en titre à l'Emploi jusqu'en 2003, et envoyé par la suite par le gouvernement Charest à un poste moins stratégique au Développement économique.

M. Boudreau, l'an passé, a été secrétaire d'une commission pour la Fédération des chambres de commerce sur la problématique de la retraite et les travailleurs de plus de 55 ans.

L'autre membre de la commission pourrait spontanément rassurer l'opposition.Michel Bédard était un mandarin fédéral qui a fait carrière comme actuaire à Ottawa, jusqu'à devenir actuaire en chef pour le régime d'assurance emploi - un poste qu'il a occupé de 1990 à 2003. Mais ses sorties récentes laissent prévoir son verdict sur le régime fédéral.

Dans un texte publié dans Le Devoir en août 2012, M. Bédard a notamment indiqué: «Nous demandons au gouvernement du Québec de mettre en place son propre régime d'assurance chômage de façon à mieux répondre aux besoins de sa population et des régions.»