Les Nations unies ont qualifié vendredi de «regrettable» le retrait du Canada d'une convention internationale combattant la sécheresse dans le monde.

Le premier ministre Stephen Harper avait expliqué jeudi aux Communes que le Canada se retirait de la Convention sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, signée par Ottawa en 1994, en raison de la lourde bureaucratie du programme, qui ne valait pas selon le Canada les 350 000 $ versés chaque année.

Cette décision fait du Canada le seul pays au monde à ne pas en être membre.

«La convention est plus forte que jamais, ce qui rend encore plus regrettable la décision du Canada de s'en retirer», a déclaré vendredi le secrétariat onusien sis à Bonn, en Allemagne.

Le cabinet fédéral a ordonné la semaine dernière le retrait non annoncé à la suite d'une recommandation du ministre des Affaires étrangères, John Baird, en prévision d'une importante rencontre scientifique organisée par la convention le mois prochain en Allemagne.

La décision a provoqué une série de reproches envers le gouvernement de la part des partis d'opposition, des organismes non gouvernementaux, de groupes de la société civile et d'anciens diplomates, y compris au moins un ancien ambassadeur à l'ONU.

La décision d'Ottawa a également pris par surprise le secrétariat onusien en charge de la convention - un porte-parole en a été informé par un appel de La Presse Canadienne, mercredi.

Aucun communiqué de presse officiel n'a été publié par le gouvernement Harper. Dans une déclaration publiée vendredi, le secrétariat de la Convention dit avoir été officiellement informé jeudi du retrait canadien.

«Le Canada, un pays qui est fréquemment sujet à des sécheresses, et où 60% des terres cultivées se trouvent dans des zones arides, est également un acteur majeur des efforts mondiaux pour s'attaquer à la question de la sécurité alimentaire dans les pays en développement», a mentionné le secrétariat.

L'organisme onusien précise également que la contribution annuelle du Canada, totalisant 291 000 $ - moins que le montant de 350 000 $ avancé par Ottawa - représentait 3,1% de son budget.

Les rencontres scientifiques devant débuter le 9 avril auraient forcé le Canada à prendre note d'analyses scientifiques sur les effets des changements climatiques, les sécheresses et la progression de la désertification. Le gouvernement Harper a déjà été vilipendé comme un opposant à la lutte aux changements climatiques.

Maude Barlow, directrice du Conseil des Canadiens, a accusé le gouvernement de se retirer de la convention parce qu'il ne veut pas faire face aux réalités des changements climatiques.

Un représentant de l'Agence canadienne de développement international (ACDI) a déclaré que si Ottawa avait versé sa contribution à la convention, le gouvernement Harper ne serait pas allé à Bonn le mois prochain.