Le tournevis a rendu de grands services aux voleurs de voitures dans le passé, mais il semble bien qu'il soit dépassé par la technologie. C'est maintenant avec les clés que les voleurs s'emparent de certains véhicules de luxe. Des clés électroniques, que les malfaiteurs parviennent à faire encoder.

C'est ce qui se dégage du témoignage qu'un enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Yvon Morin, a rendu récemment au palais de justice de Montréal, dans le dossier de Gbando Atara. Ce dernier, âgé de 43 ans, a reconnu sa participation dans un réseau qui a volé 325 véhicules de luxe en 2010.

Les voitures étaient placées dans des conteneurs qui étaient d'abord livrés au port de Montréal. Ils étaient ensuite embarqués dans des navires qui les emportaient outre-mer.

Les véhicules étaient destinés à la revente en Afrique du Nord, mais certains transitaient parfois dans d'autres endroits, notamment en Italie et en Espagne, a expliqué M. Morin.

La marque Toyota ciblée

Il s'agissait en grande partie de véhicules Toyota à quatre roues motrices d'un an ou deux, de modèles Sequoia et RAV4, entre autres. La valeur estimée des véhicules volés était de 13 à 15 millions de dollars.

Une centaine de ces véhicules ont été récupérés et ils n'étaient pour la plupart pas endommagés. Le policier a expliqué que les clés de ceux-ci avaient des puces intégrées et que les voleurs fabriquaient de fausses clés à partir des codes. «Toyota, malheureusement, donne le code des clés dans le manuel du propriétaire», a signalé M. Morin.

Le présumé chef en cavale

L'enquête s'est déroulée de juillet à décembre 2010 et a abouti à l'arrestation de quatre personnes, dont Gbando Atara.

Les policiers n'ont cependant pas réussi à mettre la main au collet de celui qui était considéré comme le chef du réseau, Yongo Yabokola Cardoso. Sentant peut-être «la soupe chaude», ce dernier s'est enfui environ un mois avant la frappe de décembre 2010. Le ministère public croit qu'Atara était son bras droit.

En perquisitionnant chez Gbando Atara, les policiers ont trouvé des copies de clés et des documents de résidents permanents affichant la photo de M. Atara, mais sur lesquels figuraient des noms autres que le sien. Il y avait aussi des factures de transport de conteneurs, des listes de véhicules et une plaque d'immatriculation de l'Ontario pour un véhicule dont le vol avait été signalé, notamment.

M. Atara a plaidé coupable à des accusations de complot et de possession d'outils de cambriolage.

Un fléau

Le procureur de la Couronne François Allard a fait valoir que les réseaux de vols de voitures sont un fléau, qu'il s'agit de cas sur lesquels il est difficile d'enquêter et qu'en conséquence, ils sont peu judiciarisés. Il recommande une peine de 30 à 36 mois de prison pour M. Atara.

L'avocat de la défense, Jacklin Turcot, aimerait une absolution conditionnelle avec des travaux communautaires et un don de 5000$. Son client n'a pas d'antécédent et il a des projets louables pour l'avenir, comme devenir ingénieur.

Le juge Claude Parent rendra sa décision le 14 novembre.