Le ministre Pierre Arcand a soutenu la semaine dernière que l'extraction du pétrole d'Anticosti n'était pas « sur le radar politique » du gouvernement Charest. Or, en avril 2012, ce même ministre avait écrit à un comité d'experts pour lui demander d'évaluer l'impact des forages par fracturation hydraulique sur l'île.

Le 25 avril 2012, M. Arcand était ministre de l'Environnement de Jean Charest. À ce titre, il a écrit au président du Comité sur l'évaluation environnementale stratégique sur les gaz de schiste, Robert Joly, pour lui demander d'élargir son mandat.

« Les annonces récentes de certaines entreprises d'exploration pétrolière, comme Pétrolia et Corridor Resources, concernant le développement du potentiel pétrolier en Gaspésie et à l'île d'Anticosti soulèvent de vives inquiétudes dans les communautés d'accueil et dans la population en général », a écrit le ministre.

« Je souhaite m'assurer que cet enjeu soit abordé dans le cadre de l'évaluation environnementale stratégique », a-t-il ajouté.

M. Arcand est aujourd'hui ministre des Ressources naturelles. Vendredi dernier, il a affirmé que le projet d'exploration pétrolière de l'île d'Anticosti n'avait jamais été « sur le radar politique » du gouvernement libéral de Jean Charest.

À son cabinet, on rappelle que les événements se bousculaient sur le dossier Anticosti dans les semaines qui ont précédé sa lettre d'avril 2012. Investissement Québec - alors dirigé par l'actuel ministre Jacques Daoust - venait d'investir 10 millions dans Pétrolia. Junex venait d'annoncer son intention de lancer une série de tests sismiques sur Anticosti.

« Le ministre a fait son travail de ministre de l'Environnement parce qu'il savait qu'il y avait des permis actifs sur l'île d'Anticosti et il voulait que l'étude environnementale stratégique sur les gaz de schiste soit complète », a indiqué la porte-parole du ministre, Véronique Normandin.

Signaux

Le gouvernement libéral envoyait à l'époque plusieurs signaux témoignant de son intérêt pour le pétrole. Dans son discours du budget, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a annoncé un nouveau régime de redevances visant le pétrole extrait en milieu terrestre. Son collègue aux Ressources naturelles, Clément Gignac, a fait l'éloge des investissements publics dans des projets d'hydrocarbures lors d'un événement de la Chambre de commerce de Montréal.

« Je ne sais pas si quelqu'un d'entre vous pense que le prix du pétrole va revenir à 20 $US le baril ou l'essence à 30 cents le litre, a dit M. Gignac. Je suis moins inquiet des cycles dans le pétrole que je peux l'être dans le secteur des métaux, donc les prises de participation dans le secteur des hydrocarbures, ça m'empêche beaucoup moins de dormir. »

Dans les semaines qui ont précédé l'élection de Pauline Marois, le gouvernement libéral de Jean Charest a lancé des pourparlers avec Pétrolia, Corridor Resources et Maurel & Prom afin de former un partenariat pour explorer Anticosti. Une offre d'acquisition d'actions a été signée le 29 août 2012, a révélé le Journal de Québec. Ce partenariat a été finalisé par le gouvernement péquiste.

Le premier ministre Philippe Couillard est sur la défensive depuis sa sortie contre le pétrole d'Anticosti. Il accuse le Parti québécois d'être le seul responsable du partenariat entre Québec et les sociétés pétrolières.

À l'Assemblée nationale, hier, il s'est présenté comme le seul à défendre le « milieu naturel unique » que constitue l'île d'Anticosti.