À la veille de la rentrée parlementaire à Québec et alors qu'elles ont devant elles un nouveau ministre, les municipalités veulent s'assurer que les engagements pris à leur endroit, notamment dans le cadre du pacte fiscal, connaîtront leur aboutissement prochainement.

L'Union des municipalités rencontrera cette semaine le nouveau ministre des Affaires municipales, Martin Coiteux, et elle compte bien lui rappeler que son prédécesseur, Pierre Moreau, avait pris des engagements clairs dans le cadre de l'entente Québec-municipalités, notamment celui de modifier le régime de relations de travail.

Le ministre Moreau s'était en effet engagé à permettre aux municipalités de décréter les conditions de travail de leurs employés, si aucune entente n'était intervenue après une négociation de bonne foi.

Or, les municipalités attendent toujours que Québec passe de la parole aux actes, a indiqué au cours d'une entrevue la présidente de l'Union des municipalités du Québec, Suzanne Roy.

«C'est prévu pour le printemps, donc ça devrait techniquement être à cette session-ci. Et il y a là, à mon avis, des éléments extrêmement importants», a opiné Mme Roy.

Elle souligne que la rémunération globale des employés représente pour les municipalités entre 40 et 43 % de leurs dépenses, soit 7,8 milliards de dollars annuellement.

La question du financement des infrastructures municipales demeure à l'ordre du jour avec le gouvernement du Québec, qui tarde à s'entendre avec le gouvernement fédéral, faisant ainsi pâtir les villes. Et ce n'est pas la première fois que cela se produit.

«Le Fonds Chantier Canada n'est pas encore signé dans le volet provincial et c'est quand même 90 % de l'enveloppe. On est comme deux ans en retard. Et à chaque fois, on perd une saison complète. Quand on parle de créer de la prospérité, des retombées économiques importantes, ce sont des outils qui doivent être rapidement mis en place au Québec. Plein d'autres provinces ont signé et nous, il n'y a encore rien de signé», déplore Mme Roy.

L'UMQ souhaite notamment que la définition d'infrastructure, dans ce programme, soit élargie aux infrastructures culturelles, de loisir et de sport.

Mme Roy, aussi mairesse de Sainte-Julie, se demande s'il ne serait pas possible que les municipalités s'entendent directement avec le gouvernement fédéral pour accélérer les choses.

«Dans certains cas, ça nous enlèverait peut-être les retards qu'on vit. La dernière fois, avec Chantier Canada-Québec, on avait 18 mois de retard. Nous, à Sainte-Julie, on a déneigé pour pouvoir finir l'asphalte, étant donné qu'on avait commencé plus tard, parce que ça n'avait pas été signé Québec-Ottawa. Ça crée des absurdités», critique-t-elle.

L'UMQ rappelle aussi les engagements du gouvernement du Québec d'adopter une loi sur la reconnaissance des gouvernements de proximité et de réviser la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme - les deux pour l'automne 2016.

«On veut beaucoup travailler dans le sens du rapport Perrault, c'est-à-dire diminuer la reddition de comptes, les dédoublements, pour simplifier les façons de travailler», plaide Mme Roy.

Pour ce qui est de la reconnaissance des gouvernements de proximité, un bon bout de chemin reste à faire, laisse entendre Mme Roy. «On sent souvent une tendance naturelle plus au contrôle qu'à l'autonomie. C'est un combat de tous les jours.»

La délicate question de l'oléoduc Énergie Est de TransCanada ne pourra être évitée dans les discussions avec Québec, admet Mme Roy.

«Les municipalités, on est responsable de l'eau potable et ça traverse 830 cours d'eau. Il y a des questions légitimes en termes de protection des cours d'eau et de nos sources d'eau potable, en termes de protection de nos populations», fait-elle valoir.

Elle rappelle que l'opposition à cet égard de la Communauté métropolitaine de Montréal - 82 municipalités représentant 3,9 millions de citoyens - a été prise après une consultation.

«On n'était pas capable d'avoir de réponses. On n'était pas capable d'avoir ce qu'il fallait pour sécuriser nos populations. Ce dossier-là n'a vraiment pas été travaillé dans le style ''je n'en veux pas dans ma cour'', bien au contraire», assure-t-elle.