«Ce n'est pas dans l'intérêt du gouvernement de bloquer la transaction» qui fait passer le quincailler Rona aux mains de l'américaine Lowe's, a affirmé la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, mercredi. Le Québec pourra tirer profit de cette transaction, selon elle.

La veille, elle a eu une conversation avec le PDG de Lowe's au Canada, Sylvain Prud'homme, qui lui a confirmé la transaction. «Je suis satisfaite des garanties qui ont été données», a-t-elle affirmé. «Cela dit, je veux me rasseoir avec lui dans les prochains jours pour nous assurer que ces engagements seront respectés.»

«L'important pour nous, au gouvernement, c'est de nous assurer que les emplois vont être maintenus ici, voire augmentés. Ce qui est important, c'est que la bannière Rona soit maintenue également au Québec. Ce qui est important, c'est qu'il y ait un siège social qui vienne s'installer ici. Ce sont les garanties que nous avons eues.»

Selon elle, les PME québécoises qui sont des fournisseurs de Rona vont pouvoir bénéficier de la transaction et se tourner davantage vers l'international.

En 2012, Lowe's avait fait une offre d'achat hostile de 1,76 milliard pour s'emparer de Rona - la transaction est aujourd'hui de 3,2 milliards. Le ministre libéral des Finances, Raymond Bachand, s'était opposé à cette vente en 2012. Investissement Québec avait acheté des actions de Rona en vue de bloquer la transaction, entre autres. Or, lors de la course à la direction du PLQ en 2013, Philippe Couillard avait condamné cette intervention de l'État. «Avec Rona, on a envoyé un signal au marché international disant qu'on n'est pas ouvert à des investissements, disait M. Couillard. Les interventions de l'État ne sont pas toujours heureuses. Il faut être très prudents et être certains que c'est rentable pour les Québécois.»

Dominique Anglade a fait valoir qu'on ne parle plus d'une offre d'achat hostile, puisque c'est maintenant «une transaction qui a été souhaitée par le conseil d'administration de Rona». «Aujourd'hui, le contexte est largement différent. Donc la réaction est différente» de la part du gouvernement, a-t-elle soutenu.

D'ailleurs, Investissement Québec s'est départi de ses actions dans les derniers mois, a confirmé Mme Anglade. La Caisse de dépôt, qui a également des parts dans Rona (17%), se dit satisfaite de la transaction.

De son côté, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau a demandé au gouvernement de bloquer la transaction, par l'entremise de la Caisse de dépôt. «Est-ce que le premier ministre va poser un geste ou va-t-il s'aplaventrir ? Si le premier ministre Couillard ne fait rien pour garder Rona, je pense que le Québec va continuer de s'appauvrir», a-t-il dit. Les PME du Québec vont écoper de cette transaction, selon lui.

Pour M. Péladeau, le Québec perd un autre siège social. Le centre de décision est aux États-Unis, malgré la présence à Boucherville du siège social canadien de Lowe's, a-t-il indiqué.