Des députés péquistes songent à se joindre à la Coalition avenir Québec (CAQ), a déclaré mardi le chef caquiste François Legault.

M. Legault n'a pas voulu donner d'indication sur leur nombre ou le moment d'une éventuelle décision de rallier la CAQ.

En 2011, trois députés avaient claqué la porte du caucus péquiste pour adhérer à l'équipe de M. Legault.

Le député Benoit Charette est le seul de ces trois transfuges encore en politique active aux côtés du chef caquiste.

Dans une entrevue téléphonique, M. Legault a souligné mardi que son caucus compte actuellement, en plus de M. Charette, deux autres militants péquistes convertis, les députés Jean-François Roberge et Donald Martel.

Le chef caquiste a également rappelé l'arrivée dans le giron de la CAQ du conseiller péquiste Stéphane Gobeil, au début du mois.

Selon M. Legault, des élus péquistes et des membres de leur personnel, séduits par le virage nationaliste de la CAQ, l'automne dernier, pourraient faire la même chose.

«On parle à des personnes, je n'ai pas de noms à confirmer, a-t-il dit. Quand il y aura des noms à confirmer, on pourra vous les donner. Mais évidemment, tant qu'il n'y a rien de réglé, je ne peux pas vous en dire plus long.»

M. Legault a affirmé que la relâche des travaux parlementaires, à l'occasion des fêtes de fin d'année, a été l'occasion d'établir des canaux de communications avec des «députés et du personnel» péquistes.

«Il y a des personnes qui se rencontrent, a-t-il dit. Le temps des fêtes, c'est un bon moment pour des rencontres. Il y a des discussions qui ont lieu.»

M. Legault, lui-même un ancien ministre péquiste, a refusé de préciser la forme de ces échanges, dont il est cependant tenu informé.

«Il y a des gens qui me tiennent au courant, a-t-il dit. Mais je n'ai pas l'intention de dire quoi que ce soit de ce côté-là.»

Les péquistes réalisent que les défenseurs de l'option souverainiste ne seront pas capables de battre les libéraux aux prochaines élections, a indiqué le chef caquiste sans donner de précisions sur ses attentes.

«Je ne peux pas vous donner non plus un horizon, combien ça prendra de temps pour que les gens réalisent que le PQ ne s'en va nulle part, a-t-il dit. Mais parmi ces gens-là il y en a qui seront intéressés à battre éventuellement le monopole libéral. Il y en aura combien, je ne peux pas répondre à ça.»

M. Legault a écarté toute possibilité de fusion avec le PQ pour atteindre son objectif de défaire les libéraux.

«Il n'y aura jamais de fusion avec le PQ parce que le PQ a toujours le même article 1, et il y a une majorité de Québécois qui ne veulent pas de la souveraineté. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai quitté, je vois très bien que c'est sans issue», a-t-il dit.

Appelé à répliquer au maraudage de M. Legault, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau estime plutôt que les électeurs nationalistes de la CAQ pourraient «éventuellement» être séduits par le PQ. «Est-ce que des électeurs sont susceptibles de s'engager envers le PQ parce que l'indépendance va permettre d'enrichir les Québécois? Je ne serais pas surpris du tout.»

Le leader parlementaire péquiste Bernard Drainville a affirmé qu'il n'a entendu aucun péquiste s'exprimer en faveur de la CAQ.

«Je n'ai entendu personne parler d'un quelconque intérêt pour la CAQ, au sein du caucus ou ailleurs, a-t-il dit. Je trouve que François Legault prend ses rêves pour des réalités.»

M. Drainville a minimisé l'impact du passage à la CAQ de M. Gobeil, qui a été son principal conseiller quand il était candidat à la direction du PQ, en soulignant que le caucus de la CAQ s'est dégarni depuis la dernière élection.

«On fait un gros plat avec un cas, un militant qui est passé à la CAQ, a-t-il dit. Pour un militant qui est passé à la CAQ, on a Gérard Deltell qui est passé chez les conservateurs, on a Christian Dubé qui est passé à la Caisse de dépôt, on a Dominique Anglade qui est passée aux libéraux et on a Sylvie Roy qui est devenue indépendante.»

M. Drainville a affirmé qu'il avait été surpris d'apprendre que M. Gobeil, qui maintient son appui au projet souverainiste, a choisi de rallier la CAQ.

«Il a pris sa décision, a-t-il dit. Moi je pense qu'il a commis une erreur, mais c'est à lui d'assumer ses choix.»

Selon M. Drainville, le virage de la CAQ propose un retour aux chicanes constitutionnelles stériles avec Ottawa, ce qui n'intéresse pas les péquistes.

«Les péquistes sont indépendantistes et anti-austérité tandis que la CAQ est provincialiste et pro-austérité, a-t-il dit. Je ne vois pas très bien l'intérêt, pour un péquiste, d'aller à la CAQ.»

Par ailleurs, aucun député libéral ne réfléchit à rejoindre la CAQ, a précisé M. Legault, qui avait lancé un appel au ralliement aux nationalistes de tous les partis, en novembre dernier.

«Il y a des députés libéraux qui sont malheureux des déclarations de Philippe Couillard, a-t-il dit. Est-ce que ce sera suffisant pour les faire passer à la CAQ? Je ne peux pas répondre à ça.»