Le ministre Bernard Drainville juge «très préoccupantes» les informations dévoilées ce matin par La Presse sur la controversée mosquée montréalaise Assuna.

Une mosquée fichée par le FBI est un organisme de bienfaisance ici

«C'est évident que Revenu Canada doit se poser de sérieuses questions sur le statut d'organisme de bienfaisance de cette mosquée-là, a-t-il déclaré ce matin. Lorsque l'on dit que c'est le FBI, le SCRS, il faut se poser de sérieuses questions et c'est inquiétant. L'intégrisme nous inquiète». 

Le ministre péquiste des institutions démocratiques réagissait ainsi à un reportage de La Presse qui démontrait que la mosquée Assuna, fichée notamment par le FBI comme un des neuf lieux au monde où«des membres d'Al-Qaïda ont été recrutés, aidés ou formés», était considérée comme un organisme de bienfaisance par Ottawa depuis 1999. Un statut octroyé qu'à certaines conditions édictées par la Loi sur l'Impôt.

Cette mosquée a été à plusieurs reprises depuis cette date pointée du doigt dans divers dossiers liés au terrorisme, que ce soit au Canada, États-Unis et en Europe.

De plus, un texte qui apparaissait encore récemment sur son site internet (fermé depuis) expliquait qu'il «incombe à la femme musulmane de rester dans son foyer et de n'en sortir qu'en cas de besoin pressant» et alors dans ce cas selon des conditions strictes.

Selon le ministre Bernard Drainville, le projet de Loi 60, surnommé Projet de charte des valeurs, envoie quand même un «message aux intégristes».

Mais il a réitéré que «l'objectif premier» de la charte n'est pas de lutter contre ces «intégristes», mais plutôt d'«encadrer les demandes d'accommodements, faire de l'égalité hommes-femmes une valeur non négociable, et assurer la neutralité religieuse de l'état».

Rappelons qu'en 2004, le président actuel de la mosquée Assuna Salam Elmenyawi avait fait des pressions sur l'ex-ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis afin d'implanter la charia au Québec  en matière familiale. Un projet tué dans l'oeuf à la suite de l'adoption à l'unanimité en chambre d'une motion présentée par la députée libérale Fatima Houda-Pépin. 

Selon le ministre, le fait d'installer la neutralité de l'état,  c'est une «façon de dire au courant intégriste que l'on est en désaccord avec la fusion état-religion.»

Photo La Presse Canadienne

Bernard Drainville

Quelques «clients» de la mosquée Assuna de Montréal

Faker Boussora

Citoyen canadien. Le département d'État américain offre 5 millions pour la capture de celui qui est connu aussi sous le pseudonyme de Abu Yusif al-Tunisi.

Raouf Hannachi

Citoyen canadien. Appelait les fidèles à la prière à la mosquée. Aurait recruté Ressam et organisé son séjour dans un camp d'Al-Qaïda en Afghanistan. A quitté le Québec alors qu'il était dans la ligne de mire du SCRS.

Abderraouf Jdey

Citoyen canadien. Considéré comme «étroitement lié à Al-Qaïda» par le département d'État américain qui offre 5 millions pour sa capture.

Mohamed Ould Slahi

Beau-frère d'un des lieutenants d'Oussama ben Laden. A officié comme imam à Assuna. Il est détenu à Guantánamo depuis 2002. Interrogé sous la torture, il aurait mis la CIA sur la piste du refuge de ben Laden au Pakistan.

Abdellah Ouzghar

Condamné en avril 2009 à quatre ans de prison à Paris pour «association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et de complicité de détention de faux documents administratifs (passeports)».

Ahmed Ressam

Condamné à 37 ans de prison à Seattle en octobre 2012. Projetait un attentat à l'aéroport de Los Angeles lors du passage à l'an 2000.