Les élus montréalais ont embarqué de plain-pied dans le débat sur les accommodements raisonnables. Plutôt que d'endosser la Charte proposée par le gouvernement Marois, ils ont voté à l'unanimité pour une motion demandant «une laïcité à l'image de Montréal».

Son auteur, le maire Lionel Perez, de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, estime que cette déclaration en neuf paragraphes «présente des principes directeurs, une certaine vision des choses, pour envoyer un signal».

M. Perez a déjà manifesté publiquement son opposition à l'interdiction du port de signes religieux. De confession juive, il porte une kippa qui ne l'a «jamais empêché d'exercer ses fonctions en toute neutralité».

La motion a été appuyée par plusieurs élus, dont la chef de Vision Montréal, Louise Harel. Celle-ci a tenu à préciser qu'il ne s'agissait pas d'«une motion contre quelque chose, mais une motion pour quelque chose.»

«Le rapport de la commission Bouchard-Taylor me semblait très raisonnable, a dit Mme Harel. Nous prônons une laïcité inclusive. En tant que Montréalais, on peut s'en réjouir.» Si elle n'est pas contre le port de signes religieux ostentatoires, elle a précisé qu'elle s'opposait à des congés religieux qui s'ajouteraient aux jours fériés déjà prévus.

Dans son discours de présentation, M. Perez, qui a joint les rangs d'Équipe Coderre, a fait le constat que le Québec «est une société laïque, c'est un fait sociologique».

«On veut s'assurer que toute définition utilisée prenne en considération la réalité de Montréal. On est une société ouverte et tolérante. La personne qui dit autrement ne connaît pas Montréal, ne connaît pas le Québec. Sur ces enjeux, il n'y a pas de politique, c'est trop important.»

Éviter tout dérapage

La motion sur laquelle ont voté les conseillers ne s'oppose pas de façon explicite au projet de Charte de la laïcité qui serait proposé par le gouvernement Marois. Cette charte interdirait le port de signes religieux ostentatoires dans les services publics et parapublics et viserait tant les juges, les policiers, que les fonctionnaires et les éducatrices. La motion débattue à Montréal évoque plutôt de façon générale «qu'il est souhaitable d'éviter tout dérapage mettant en péril notre capacité de vivre ensemble de façon harmonieuse et de nous réunir sur ce qui fonde les spécificités de Montréal».

«Toute affirmation de laïcité ne peut ignorer le patrimoine historique et religieux de Montréal et du Québec, y précise-t-on. Il est souhaitable d'éviter tout dérapage mettant en péril notre capacité de vivre ensemble de façon harmonieuse et de nous réunir sur ce qui fonde les spécificités de Montréal.»