La directrice générale du Quebec Community Groups Network (QCGN), Sylvia Martin Laforge, accuse André Boisclair de faire de la «désinformation» et d'alimenter le «mythe selon lequel la minorité d'expression anglaise au Québec est riche, comme des ''fat-cats''».

L'ancien chef du Parti québécois, qui a été nommé le 7 novembre dernier délégué général du Québec à New York, a écrit au magazine américain Time pour réagir à un de leurs articles, faisant le portrait d'un Québec «en guerre» contre l'anglais.

«Le niveau de vie des Anglo-Québécois est parmi les plus élevés au Canada. Ils ont accès à un réseau d'éducation, médical et des institutions sociales dans leur langue», a notamment écrit M. Boisclair.

Le QCGN a vivement dénoncé ces paroles, les qualifiant de fausses.

«Ce type de désinformation m'inquiète énormément, surtout quand c'est publié dans un magazine aussi lu que le Time. Dans la communauté d'expression anglaise, le taux de chômage est 33% plus élevé que celui de la communauté francophone. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que ce taux est encore plus élevé chez les jeunes. Si on ne fait rien pour renverser la tendance, ces jeunes vont quitter la province, tout simplement», déplore Mme Laforge.

«Un anglophone bilingue, qui maîtrise les deux langues, reçoit en moyenne le même salaire qu'un francophone unilingue. Le francophone bilingue peut quant à lui compter sur un salaire environ 12% plus élevé. Elle est là, la triste, mais vraie réalité», dit la directrice générale du QCGN.

La sortie d'André Boisclair dans le magazine Time n'est toutefois pas une première pour un délégué général du Québec. Alors qu'il était en poste, son prédécesseur à New York, John Parisella, a tenu un blogue où il écrivait sur l'actualité politique et sociale, et réagissait aux articles publiés aux États-Unis sur le Québec.

Le bureau de M. Boisclair a refusé une demande d'entrevue à La Presse.



Projet de loi 14: «nos jeunes vont partir»


Le QCGN a présenté en commission parlementaire à Québec, hier, son mémoire sur le projet de loi 14, qui veut rafraîchir la Charte québécoise de la langue française.

«Souvent, les jeunes anglophones parlent français, mais ne l'écrivent pas assez bien pour se trouver de bons emplois. Ils restent pris dans les positions au bas de l'échelle. Si tu ne vois pas de futur quelque part, tu quittes. C'est ce qui pourrait arriver, si le projet de loi 14 est adopté, en renforçant la perception chez la communauté d'expression anglaise que nous ne sommes pas les bienvenus», a déclaré la directrice générale de l'organisme, Mme Martin Laforge.

«Les nouvelles limitations de la loi auront un effet important sur les institutions anglophones. Le projet de loi 14 prévoit de nouvelles sanctions et des restrictions inutiles, draconiennes. Elles risquent de provoquer un nouvel exil dans la communauté», déplore Me Michael Bergman, qui représente le QCGN et qui a défendu à plusieurs reprises par le passé des causes de la communauté anglophone contre la loi 101.

En commission parlementaire cet après-midi, le Barreau du Québec a dit craindre que les nouvelles mesures qui sont prévues par le projet de loi 14 «(affectent) démesurément les communautés anglophones et allophones».