N'en déplaise au ministre Pierre Arcand, l'exploration pétrolière sur l'île d'Anticosti était bel et bien « sur le radar » du gouvernement libéral sous Jean Charest, ont affirmé les partis de l'opposition, jeudi, en dénonçant la volte-face opérée par Philippe Couillard.

La Presse a révélé jeudi qu'alors qu'il était ministre de l'Environnement en 2012, M. Arcand a écrit à un comité d'experts pour lui demander d'évaluer l'impact des forages par fracturation hydraulique sur l'île. Ce même ministre a déclaré la semaine dernière que l'exploration pétrolière sur Anticosti n'était pas « sur le radar politique » du gouvernement Charest.

Pour le député du Parti québécois, Alain Therrien, c'est la preuve que le gouvernement libéral de Jean Charest souhaitait le développement pétrolier sur l'île. Il reproche au premier ministre Philippe Couillard d'avoir forcé M. Arcand à dire une fausseté en faisant volte-face à la conférence de Paris sur les changements climatiques.

«C'est M. Couillard qui, dans sa position aussi ferme, a mis le ministre dans cette position, a dénoncé M. Therrien. Le ministre, en tentant de défendre son premier ministre qui était en train de délirer complètement, il est arrivé avec des propos qui sont vérifiés comme étant faux.»

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a abondé dans le même sens. À ses yeux, il est clair que M. Couillard a placé son ministre dans une situation impossible.

«Je connais Pierre Arcand depuis longtemps, a dit M. Legault. Je ne peux pas croire qu'il est contre l'exploitation, si c'est rentable, sur l'île d'Anticosti.»

«C'est un combat personnel de M. Couillard contre toute exploitation à l'île d'Anticosti, a ajouté M. Legault. Mais ce dont il ne se rend pas compte, c'est qu'il envoie un très mauvais message aux investisseurs.»

Le premier ministre affirme depuis plusieurs semaines que le Parti québécois est le seul responsable du partenariat entre le gouvernement et trois sociétés pétrolières pour confirmer le potentiel d'Anticosti.

Il réitéré son opposition aux forages par fracturation hydraulique sur Anticosti, jeudi. Et ce, même si l'étude environnementale stratégique que son propre gouvernement a lancée pour évaluer le projet n'a pas encore terminé ses travaux.

«Il ne s'agit pas d'être diplômé en physique nucléaire pour savoir que la fracturation hydraulique sur une île, et une île de relative petite taille, ça pose un problème technique fondamental», a-t-il indiqué.

Il a aussi souligné qu'il n'existe aucune infrastructure de transport ni de port sur l'île d'Anticosti afin d'expédier du pétrole ou du gaz qui serait extrait du sous-sol.

Comme pour bien illustrer ses propos, M. Couillard a prononcé jeudi un discours devant l'Association québécoise des producteurs d'énergie renouvelable. Cet organisme existe depuis 25 ans et c'est la première fois qu'un premier ministre prenait la parole devant ses membres.

Le premier ministre a laissé entrevoir des changements majeurs dans la politique énergétique que son gouvernement présentera dans les prochaines semaines. Son gouvernement envisage un « développement éolien réfléchi », et le développement des énergies renouvelables comme la biomasse.

Il souhaite également opérer une transition énergétique pour diminuer la dépendance du Québec au pétrole.

«La décarbonisation, c'est quitter progressivement le monde du pétrole - qui est, oui, le monde du présent et le monde du passé - pour gagner le monde de l'avenir», a déclaré M. Couillard.