Justin Trudeau a fait une incursion en politique provinciale ontarienne, hier, en se rendant dans la circonscription de Whitby-Oshawa, en banlieue de Toronto, pour prêter main-forte à la candidate libérale en vue des élections partielles qui se tiendront demain.

Cette rare visite d'un premier ministre en fonction se veut un coup de pouce et un retour d'ascenseur à la première ministre ontarienne Kathleen Wynne, au moment où son rival conservateur Patrick Brown et elle font chacun face à un test important.

La circonscription de Whitby-Oshawa a été représentée par l'ex-ministre des Finances Jim Flaherty au provincial puis au fédéral jusqu'à sa mort en 2014. Sa femme, Christine Elliott, lui a succédé à Queen's Park en 2006. Elle a démissionné il y a quelques mois après avoir perdu la course à la direction du Parti progressiste-conservateur (PPC).

Le territoire est donc largement symbolique pour les deux formations. Les libéraux ont peint la carte électorale de Toronto et des environs en rouge lors des dernières élections fédérales et provinciales. Whitby-Oshawa a été divisée en deux au niveau fédéral, et les libéraux ont mis la main sur Whitby, tandis qu'Oshawa, autrefois représentée par l'ex-chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) Ed Broadbent, est restée bleue.

«Trudeau reste très populaire»

Nelson Wiseman, professeur de science politique de l'Université de Toronto, souligne qu'il n'est pas habituel pour un premier ministre en fonction d'ainsi faire campagne lors d'élections partielles à l'échelle provinciale. Or «Kathleen Wynne a fait campagne très énergiquement pour Justin Trudeau lors des dernières élections fédérales», a noté le politologue.

De plus, «Trudeau reste très populaire, a-t-il ajouté, donc les libéraux provinciaux voudraient capitaliser là-dessus».

C'est d'ailleurs le genre d'incursion qu'un chef de parti ne peut se permettre éternellement, a souligné M. Wiseman: «Dans deux ans, je ne m'attends pas à ce que Trudeau fasse des apparitions pour des élections partielles au niveau provincial... Ça fait partie de l'effet lune de miel.»

Malgré tout, la partie semble loin d'être gagnée pour les libéraux. Une enquête de la maison Forum a accordé seulement 21% de taux de satisfaction à la première ministre en novembre, et un sondage mené le 14 janvier par la firme Mainstreet donnait huit points d'avance au candidat conservateur dans la campagne en cours.

La défaite serait donc d'autant plus amère pour Patrick Brown, dont il s'agit du premier vrai test électoral depuis son élection à la tête du PPC.

Deux politiciens locaux croisent le fer dans cette campagne : la libérale Elizabeth Roy, une conseillère régionale de la région de Durham, et le conservateur Lorne Coe, un autre conseiller régional. L'avocate en droit du travail et droits de la personne Niki Lindquist défend les couleurs du NPD.