Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, lance un appel à l'ordre et rappelle que la marijuana est bel et bien illégale, alors que des organisations policières dénoncent la confusion qui règne depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Trudeau.

En entrevue à La Presse hier, le ministre Goodale a tenu à remettre les pendules à l'heure et à réaffirmer que la possession et la vente de marijuana resteront interdites au Canada et au Québec tant et aussi longtemps que les lois ne seront pas changées, ce qui pourrait prendre encore plusieurs mois, voire des années.

Cette mise au point survient alors que des associations policières canadiennes dénoncent le fait que cette promesse de légalisation crée le chaos et la confusion quant à l'état du droit au pays.

Par exemple, La Presse rapportait dimanche qu'un entrepreneur surnommé «le roi du cannabis», Don Brière, s'apprête à ouvrir à Montréal une succursale de ce qui, espère-t-il, deviendra un véritable «Tim Hortons de la marijuana». Flairant les bonnes affaires, plusieurs gens d'affaires ont ainsi commencé à se positionner en espérant profiter de la manne.

Pas si vite, tranche cependant le ministre Goodale.

Le politicien de la Saskatchewan a noté que son gouvernement souhaite que cette réforme voie le jour d'ici environ deux ans, mais qu'il est difficile de prédire un tel échéancier. « Il est important que nous apportions ces changements de manière réfléchie, organisée et dans l'ordre », a-t-il insisté lors d'un entretien téléphonique.

La prochaine étape sera la création d'un groupe de travail, dont la composition et le mandat pourraient être annoncés au cours des prochaines semaines, a-t-il indiqué.

C'est le nouveau député libéral et ancien chef de police de la ville de Toronto, Bill Blair, qui sera le maître d'oeuvre de ce comité qui pourrait inclure des représentants du gouvernement fédéral et des provinces.

Confusion

Tom Stamatakis, président de l'Association canadienne des policiers, affirme que les quelque 52 000 membres de son organisation, dont au Québec, observent «des groupes très actifs et coordonnés à travers le pays qui sont des partisans ou activistes de la légalisation et qui, dans un effort pour s'établir, poussent la note».

«Cela crée des défis pour les municipalités à travers le pays quant à la manière de gérer la situation, de même que pour les forces policières», a-t-il ajouté. Par exemple, Vancouver est plus permissif à l'égard de dispensaires de marijuana médicale que d'autres municipalités.

M. Stamatakis reconnaît qu'un processus de réforme comme celui envisagé par Ottawa peut prendre du temps.

«[...] Il doit y avoir un message constant sur cette question pas seulement au niveau du gouvernement fédéral, mais de tous les ordres de gouvernement, aux niveaux provincial et municipal», a-t-il fait valoir.

Le ministre Goodale abonde dans le même sens, mais il souligne que sa marge de manoeuvre est limitée par la compétence des provinces en matière d'application de la loi.

«Le gouvernement du Canada ne viendrait pas s'ingérer là-dedans, mais nous pouvons certainement avoir des discussions avec nos homologues au niveau provincial pour nous assurer que le dialogue et les consultations appropriées ont lieu. Nous voulons avoir une constance dans la loi à travers le pays.»

Ralph Goodale en cinq dates

• 1949 : Naissance à Regina

• 1974 : Député libéral dans le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau

• 1981 : Chef du Parti libéral provincial de la Saskatchewan

• 1993 : Ministre de l'Agriculture dans le gouvernement de Jean Chrétien

• 2003 : Ministre des Finances dans le gouvernement de Paul Martin