Ayant résolument renoncé à briguer de nouveau un siège non permanent au Conseil de sécurité de l'ONU en 2015, le Canada entend mettre tout son poids diplomatique pour assurer la victoire de la Nouvelle-Zélande, allié sûr dans la région du Pacifique, lors du vote qui aura lieu l'an prochain.

Selon des informations obtenues par La Presse, le gouvernement canadien compte faire la promotion de la candidature de la Nouvelle-Zélande notamment auprès des pays des Caraïbes, avec lesquelles le premier ministre Stephen Harper a réussi à tisser des liens plus étroits depuis son arrivée au pouvoir.

En mai, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a fait savoir que le Canada - après avoir subi un humiliant revers en 2010 - ne tenterait pas d'obtenir à nouveau un des deux sièges non permanents qui deviendront vacants en 2015-2016.

«Le Canada n'est pas prêt à mettre de côté sa politique étrangère raisonnée pour mieux obtenir un siège au Conseil de sécurité», avait notamment lancé le ministre Baird en réponse à une question du NPD.

Jusqu'ici, trois pays ont manifesté l'intérêt d'obtenir un des deux sièges non permanents qui deviendront vacants: la Nouvelle-Zélande, l'Espagne et la Turquie. Ces deux sièges sont actuellement détenus par l'Australie et le Luxembourg.

Au bureau du ministre Baird, un porte-parole, Rick Roth, a refusé de dire quelles étaient les intentions du Canada lors du vote qui aura lieu à l'automne 2014. «Le vote est secret. Nous ne discutons pas publiquement de qui nous allons appuyer», a indiqué M. Roth.

Mais des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information démontrent que le gouvernement Harper a bel et bien fait son choix. Il appuiera la Nouvelle-Zélande.

«Le Canada appuie activement la candidature de la Nouvelle-Zélande dans le cadre de l'élection au Conseil de sécurité des Nations unies pour 2015-2016, en particulier auprès des pays des Caraïbes», peut-on lire dans une note d'information du greffier du Conseil privé, Wayne Wouters, à l'intention du premier ministre Stephen Harper. La note est datée du

12 avril 2013, soit avant l'annonce du ministre Baird à la Chambre des communes en mai.

Le critique du NPD aux affaires étrangères, Paul Dewar, a soutenu que cette décision du gouvernement Harper confirme que le Canada n'est plus un acteur sur la scène internationale et qu'il est maintenant condamné à jouer un rôle de «cheerleader» pour d'autres pays. «Je ne crois pas que cela va faire une différence, car le Canada est perçu aujourd'hui comme un seul vote sans influence», a dit M. Dewar.

En 2010, le Canada a encaissé un dur revers en n'obtenant pas suffisamment d'appuis pour damer le pion au Portugal et à l'Allemagne dans le cadre de sa campagne visant à obtenir l'un des sièges non permanents au Conseil de sécurité de l'ONU.

Depuis la création de l'ONU, le Canada avait toujours réussi, chaque décennie, à décrocher un siège au Conseil de sécurité pour un mandat de deux ans. C'était donc la première fois que le Canada essuyait un tel échec diplomatique depuis 1948. La dernière fois que le Canada a obtenu un siège remonte à 1998-2000.

Le gouvernement Harper avait alors fait face à une pluie de critiques. Certains détracteurs avaient attribué la défaite du Canada à sa politique étrangère au Proche-Orient et à son soutien indéfectible à Israël. D'autres avaient évoqué sa timidité à lutter contre les changements climatiques.

Le Conseil de sécurité compte dix membres non permanents, qui n'ont pas le droit de veto, contrairement aux cinq membres permanents que sont les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et la Grande-Bretagne.

- Avec William Leclerc