Deux sénateurs conservateurs auraient participé aux efforts déployés par Nigel Wright, ancien chef de cabinet de Stephen Harper, pour convaincre le sénateur Mike Duffy de rembourser la somme de 90 000$ aux contribuables pour les allocations de logement qu'il a indûment empochées, selon le réseau CTV.

Les deux sénateurs en question, David Tkachuk et Carolyn Stewart Olsen, auraient exercé des pressions pour que M. Duffy accepte le chèque personnel de 90 000$ de Nigel Wright pour l'aider à rembourser sa dette envers les contribuables, a rapporté le réseau CTV lundi soir, citant des échanges de courriels entre M. Wright et les sénateurs.

Ces révélations mettent en doute la version du premier ministre Stephen Harper, qui a toujours soutenu, depuis que l'affaire a éclaté en mai et a forcé M. Wright à démissionner, que son ancien bras droit avait agi seul et sans l'informer.

Les sénateurs Tkachuk et Stewart Olsen ont nié avec véhémence ces informations, hier. Dans une déclaration aux médias, les deux sénateurs ont affirmé: «Le reportage de CTV News est faux. En aucun temps nous n'avons eu connaissance du paiement de M. Wright au sénateur Duffy avant que cela ne fasse l'objet d'un reportage. Quiconque suggère que nous étions au courant au préalable ment.»

Selon CTV, les courriels en question, que le réseau n'a pas publiés, démontreraient que le sénateur Mike Duffy ne voulait pas, de prime abord, utiliser l'argent de Nigel Wright afin de rembourser les contribuables. Mais il aurait cédé à la pression des deux sénateurs après que ces derniers lui eurent fait comprendre qu'il risquait de perdre son siège au Sénat parce qu'il n'était pas un résidant en bonne et due forme de l'Île-du-Prince-Édouard, la province qu'il représente au Sénat, comme l'exigent les règles. La résidence principale de M. Duffy se trouve en banlieue d'Ottawa.

Le sénateur Tkachuk aurait aussi fait savoir à M. Duffy que le comité de régie interne du Sénat, dont il était membre jusqu'à tout récemment, était prêt à passer sous silence la question de la résidence et à purger une partie du rapport sur ses dépenses s'il acceptait le chèque de 90 000$ de Nigel Wright pour clore le dossier de ses allocations de logement.

La clé dans la porte

L'idée d'abolir le Sénat gagne même des appuis parmi les électeurs qui soutiennent le Parti conservateur. Plusieurs Canadiens qui ont appuyé le gouvernement Harper aux dernières élections ont écrit au premier ministre, l'exhortant à mettre la clé sous la porte de la Chambre haute, démontrent des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

«Nous devons prendre les moyens qu'il faut pour abolir le Sénat», affirme un «conservateur très déçu» dans un courriel au bureau du premier ministre.

«Plus j'entends parler des dépenses, plus j'ai le goût de vomir», affirme un Canadien en colère.

Les noms des correspondants ont été rayés.

- Avec William Leclerc