Le premier ministre Stephen Harper a qualifié mardi les Rangers canadiens de pilier des services de recherche du Grand Nord, alors même qu'un récent rapport sur la défense prévient les autorités de «faiblesses criantes» dans les capacités du Canada à intervenir en cas de situations d'urgence dans l'Arctique.

Le rapport approfondi du Conseil consultatif sur les sciences appliquées à la défense décrit les missions de sauvetage dans le Nord canadien comme étant «considérables et complexes», soulignant au passage qu'Ottawa souhaite réunir une série de nouveaux partenariats internationaux pour s'assurer de pouvoir livrer la marchandise à ce chapitre.

L'étude mentionne également que si la Garde côtière canadienne et la Gendarmerie royale du Canada jouent des rôles importants à l'occasion de crises en Arctique, ils ne sont pas toujours sur la même longueur d'ondes que le ministère de la Défense.

«Un manque d'intégration pourrait ainsi gêner une réponse efficace à une situation de crise ou une urgence», indique-t-on dans le rapport.

L'analyse de 72 pages, rédigée en avril 2012, relève 27 incidents de recherche et sauvetage survenus dans le Grand Nord depuis 2009. Ces incidents illustrent, selon l'organisation, les «faiblesses criantes» du Canada, citant notamment le nombre limité d'appareils militaires et civils disponibles pour couvrir l'ensemble de ce vaste territoire.

Le rapport déplore également un nombre insuffisant de navires pour intervenir en cas de catastrophes maritimes, ajoutant que les quelque 5000 Rangers disponibles ne peuvent circuler par voie aérienne ou maritime.

Entre autres recommandations figurent l'entraînement des Rangers et l'envoi d'équipements pour qu'ils soient en mesure de répondre à d'autres opérations de recherche que celles se déroulant sur la terre ferme. Les Rangers sont des réservistes recrutés parmi les peuples autochtones et couvrent de vastes étendues du Nord divisées en cinq emplacements géographiques. Ils patrouillent à pied et en motoneige et sont considérés comme le plus grand succès de l'armée dans la région.

Le vérificateur général avait sonné l'alarme au printemps dernier, affirmant que l'état du système de recherche et sauvetage en était presque à un «point de non-retour» en Arctique, forçant du même coup le ministre de la Défense d'alors, Peter McKay, à instaurer une série d'examens réguliers.

«Nous sommes en train d'examiner cette question-là (...). Nous avons récemment mené à terme un important développement du programme des Rangers, qui est une partie cruciale de notre réseau de recherche et sauvetage, et ce à plus forte raison dans les parties isolées des Territoires-du-Nord-Ouest», a déclaré le premier ministre Harper.

Une porte-parole du nouveau ministre de la Défense, Rob Nicholson, a déclaré que l'affirmation de la souveraineté représentait l'un des «fers de lance du programme du ministère», rappelant qu'Ottawa avait récemment ouvert un centre de formation militaire dans l'Arctique.

Or, si l'une des principales préoccupations de l'armée étant de renforcer ses capacités de surveillance dans la région, il s'agit d'un processus lent et ardu, souligne-t-on dans le rapport.

«À court terme, la surveillance dans le Nord pourrait ne pas se développer suffisamment rapidement pour soutenir les plans de la défense ou améliorer la réactivité à une série de situations nouvelles générées par un taux d'activité accru dans la région», y précise-t-on.

Le ministère de la Défense et le Pentagone travaillent à l'implantation d'un plan de travail pour accroître la collaboration dans l'Arctique, notamment en ce qui a trait à des exercices militaires multilatéraux pour surmonter les «différences en matière de capacité».