Des militants de l'aile socialiste du Nouveau Parti démocratique affirment que Thomas Mulcair est en train de transformer la formation de gauche en nouvelle mouture du Parti libéral. Point de vue que ne partagent pas les députés rencontrés hier.

Pour la deuxième fois en deux ans, les militants néo-démocrates rassemblés en congrès débattront demain de la possibilité de retirer le mot « socialiste » des statuts du parti. Cette perspective suscite la controverse dans un parti au long passé militant, fréquemment dépeint comme « la conscience du Parlement ».

Il illustre aussi le dilemme d'une formation qui, propulsée au rang d'opposition officielle, cherche maintenant à se présenter comme une aspirante au pouvoir.

En juin 2011, une proposition semblable a été reléguée aux oubliettes par la direction du parti.

« Je suis préoccupé et outré par le mouvement qui vise à copier le Parti libéral au sein du parti, affirme en entrevue Barry Weisleder, l'un des ténors du caucus socialiste. Ce n'est pas pour cela que les gens ont voté pour le NPD. La marque libérale est discréditée à cause de la corruption et de ses politiques. »

M. Weisleder se dit persuadé que la proposition ne recueillera pas le seuil des deux tiers des votes requis.

Le militant torontois Alex Grant fait partie des militants néo-démocrates de tendance marxiste. Selon lui, une part importante des militants néo-démocrates se considèrent comme des socialistes.

« Si le NPD cherche à encombrer le centre de l'échiquier avec Justin Trudeau, il va perdre des appuis. Pour qui les gens voteront-ils ? Les vrais libéraux ou ceux qui font semblant ? »

Si les électeurs s'intéressent de moins en moins à la politique, c'est parce que les partis offrent tous des programmes relativement semblables, estime M. Grant. Il souhaite donc que le NPD reste résolument campé à gauche afin d'offrir une solution de rechange claire à ses adversaires.

Mais le débat sur le virage pragmatique de M. Mulcair n'inquiète pas outre mesure les élus néo-démocrates rencontrés hier.

Le député Guy Caron souligne que tous les partis débattent de leur identité et de leur philosophie et que le NPD ne fait pas exception.

« C'est notre philosophie, mais c'est aussi un débat de mots par rapport à ce qu'on fait déjà, c'est-à-dire la direction dans laquelle on va déjà comme parti, qui est définitivement social-démocrate », a-t-il noté.

On devrait avoir une meilleure idée de l'adhésion des militants au plan de Thomas Mulcair, ce matin, lorsque le chef se soumettra à un vote de confiance.

Mulcair, l'homme

Les militants néo-démocrates ont pu découvrir un côté plus personnel de Thomas Mulcair, hier soir. Une vidéo a présenté le parcours du député d'Outremont, le deuxième d'une famille de dix enfants.

L'activité a permis au NPD de montrer son chef sous un jour convivial, lui qui a souvent été dépeint comme « Angry Tom » par ses adversaires politiques.

Guy Caron note que M. Mulcair a été plongé dans le feu de l'action dès son élection à la tête du NPD, il y a un an. Comparé à son prédécesseur, c'est peu de temps pour se faire connaître des Canadiens.

« Les gens s'identifiaient beaucoup à Jack Layton. Quand il était là, il réussissait à connecter, a dit M. Caron. Mais il a eu dix ans pour le faire. »

Plus tôt dans la journée, les militants néo-démocrates ont écouté un discours du Prix Nobel et économiste américain Joseph Stiglitz, qui a exhorté le Canada à en faire davantage pour lutter contre les inégalités.