Les élus montréalais promettent de poursuivre les acteurs de la collusion, mais préviennent que seulement une infime partie de l'argent volé risque d'être récupéré. Estimer les coûts de la collusion est une chose, en faire la preuve en est une autre.

«Ce sont des estimations, mais nous, il nous faut des preuves pour récupérer l'argent volé aux Montréalais», a réagi le maire de Montréal, Michael Applebaum, au reportage de La Presse, qui écrivait hier que la collusion pourrait avoir coûté de 350 à 500 millions à la métropole de 2004 à 2009.

Le maire assure que chacune des révélations faites devant la commission Charbonneau est vérifiée pour voir si des recours peuvent être intentés. «Si on veut amener des gens en cour, ça nous prend des preuves et ça peut prendre du temps pour les trouver», prévient M. Appelbaum.

La question des sommes dépensées en trop durant les années de la collusion risque de rebondir d'ici l'élection de novembre, prévoit Richard Bergeron, candidat à la mairie. S'il est élu maire, le chef de Projet Montréal s'engage à «faire tout ce qui est raisonnable pour intenter des poursuites. Ceux qui ont fraudé grossièrement vont être ciblés. Mais en même temps, il ne faut pas raconter aux Montréalais qu'on pourra retrouver ces 500 millions. Ne rêvez pas en couleur, il faut en faire notre deuil», dit-il.

L'argent sera difficile à récupérer pour la simple et bonne raison qu'il a fort probablement été dépensé ou les gens et les entreprises ciblés risquent rapidement d'être insolvables, dit Richard Bergeron. Il cite en exemple le recours de 1,1 million intenté contre d'anciens fonctionnaires municipaux ayant reconnu avoir empoché des pots-de-vin. Le chef de Projet Montréal estime que la Ville peut au mieux espérer récupérer les 240 000$ que deux d'entre eux ont remis à la commission Charbonneau durant leur témoignage.

Richard Bergeron estime que les chiffres de 350 à 500 millions avancés par La Presse sont probablement en deçà de la réalité. L'aspirant maire croit même que la facture pourrait atteindre le milliard.

Louise Harel, qui brigue aussi la mairie, croit quant à elle que des poursuites civiles doivent être lancées rapidement contre les acteurs de la collusion, avant qu'il y ait prescription. «On ne doit pas se résigner, il ne faut pas baisser pavillon: il faut aller à la limite du possible» dit la chef de Vision Montréal.

Québec déjà au travail

De son côté, le gouvernement Marois a constitué depuis un bon moment déjà une équipe de juristes en vue de récupérer les sommes que Québec aurait pu payer en trop à cause de la collusion. «Nous faisons tout le travail nécessaire pour recueillir les preuves. On ne peut pas intervenir sans avoir monté des dossiers et improviser des actions qui seraient contestées et pour lesquelles nous n'aurions aucun résultat», a affirmé la première ministre Pauline Marois au cours de la période des questions à l'Assemblée nationale.

Avec Tommy Chouinard