Ottawa augmente de façon importante les dépenses publicitaires de Ressources naturelles Canada, alors que les conservateurs exportent sur le marché américain leurs ambitions en matière d'environnement et de ressources naturelles.

Des estimations budgétaires démontrent que 16,5 millions $ ont été mis de côté par le ministère à des fins publicitaires en 2013-2014, histoire de promouvoir ce que le gouvernement Harper appelle le développement responsable des ressources.

Il s'agit d'une hausse par rapport à un budget de 9 millions $, l'an dernier, et de seulement 237 000 $ en 2010-2011.

Le ministère a également lancé une soumission, valant jusqu'à 500 000 $, pour offrir une formation sur les médias à tous ses employés, du ministre Joe Oliver aux scientifiques, responsables des programmes ou porte-paroles.

En plus d'une importante campagne télévisée destinée au public canadien, Ressources naturelles Canada a entamé une offensive publicitaire aux États-Unis qui comprend des messages dans des publications influentes et un site Internet destiné à un public américain, gowithcanada.ca.

«Les oléoducs canadiens représentent le choix environnementalement responsable pour satisfaire les besoins énergétiques américains», mentionne la page d'accueil du site.

Cette campagne ciblant les États-Unis survient au moment où le premier ministre Stephen Harper se rendra à New York, jeudi, afin de vendre les hydrocarbures canadiens et de vanter les mérites du projet d'oléoduc Keystone XL de TransCanada.

L'administration du président américain Barack Obama doit prendre une décision dans ce dossier, mais l'affaire s'est engluée dans des questions de politique intérieure, en plus de susciter un concert de commentaires négatifs de la part du milieu environnemental. Le projet d'oléoduc permettrait de transporter du brut des sables bitumineux albertains aux raffineries situées sur la côte du golfe du Mexique.

M. Oliver et le ministre de l'Environnement Peter Kent ont effectué plusieurs déplacements aux États-Unis pour vendre les ressources canadiennes et le bilan national en matière d'environnement.

Cela fait plusieurs années que le gouvernement conservateur prépare cette offensive publicitaire visant à convaincre l'opinion publique des deux pays.

Le site conçu pour l'occasion a cependant été immédiatement critiqué par certains groupes environnementaux pour avoir maquillé la vérité, incluant une affirmation selon laquelle le Canada a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 26 pour cent depuis 1990, alors qu'elles ont en fait plus que triplé entre 1990 et 2011. C'est plutôt l'«intensité» d'émissions polluantes qui a diminué de 26 pour cent par baril de pétrole produit depuis 1990.

«Voilà ce qui se produit lorsque vous congédiez ou muselez les scientifiques s'occupant d'environnement et les remplacez par des conseillers publicitaires», a déclaré par courriel Keith Stewart, de Greenpeace Canada.

Selon M. Stewart, aucun montant publicitaire ne «réduira les émissions de gaz à effet de serre, nettoiera les lacs toxiques ou n'agira correctement avec les Premières Nations touchées».