En annonçant leur décision soudaine de soumettre au vote un projet de loi antiterroriste, les conservateurs ont bien pris soin de rappeler l'urgence d'agir compte tenu de certains événements récents.

Le Parti conservateur a annoncé son intention d'aller de l'avant avec le projet de loi sur la lutte contre le terrorisme, qui dormait sur les tablettes depuis des mois. Cette décision survient quelques jours après la double explosion qui a fait trois morts et plus de 200 blessés au marathon de Boston.

Les autorités ont, entre-temps, fait de nouveaux liens entre l'attaque de janvier au complexe gazier d'In Amenas, en Algérie, et un groupe de jeunes de London, en Ontario. Et le début du débat de deux jours s'est amorcé au moment où la Gendarmerie royale du Canada annonçait lundi l'arrestation de deux présumés terroristes, accusés d'avoir fomenté un complot contre Via Rail.

L'heure est à l'action, ont soutenu les conservateurs en présentant le projet de loi, qui a été adopté mercredi soir lors d'un vote aux Chambres des communes, par 183 voix, contre 93.

Ces trois incidents ont soulevé des interrogations quant à la radicalisation d'individus et la menace que cela pose sur la sécurité intérieure et internationale. Or, le gouvernement conservateur a reconnu, mercredi, que son projet de loi ne visait pas à régler ces problématiques.

Un porte-parole du ministère de la Justice, Andrew Gowing, a toutefois écrit dans un courriel que le projet de loi S-7 donnerait les moyens nécessaires aux forces de l'ordre pour permettre d'anticiper des gestes terroristes et de les neutraliser.

Interrogé quant à savoir si le projet de loi du gouvernement conservateur aurait pu prévenir l'un ou l'autre des récents événements, M. Gowing n'a pas offert de réponse précise.

Des groupes de défense des droits civils ont toutefois souligné que plusieurs articles du projet de loi n'étaient pas nécessaires et pourraient être remis en question sur le plan constitutionnel. Et la police a également noté que certains défis auxquels elle faisait face ne pourraient être réglés avec le projet S-7.

L'empressement avec lequel le gouvernement fédéral a soumis au vote son projet de loi s'apparente drôlement à de l'opportunisme politique, a clamé l'opposition.

«Un gouvernement canadien responsable ne se serait pas contenté de repousser l'échéance jusqu'à ce qu'une tragédie se passe quelque part dans le monde», a lancé, pendant le débat, le député néo-démocrate de Chicoutimi-Le Fjord, Dany Morin.

Et malgré l'urgence d'agir des conservateurs, le projet de loi avait entamé le processus parlementaire il y a plus d'un an, en février 2012.

Par ailleurs, certains éléments de S-7 avaient été intégrés à la loi antérieure, adoptée en 2007, et qui a elle-même hérité de lois plus anciennes votées au lendemain des attentats du 11 septembre.