L'ancien premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, a réagi à son tour au fait que l'ex-juge en chef de la Cour suprême du Canada, Bora Laskin, aurait tenu informés les gouvernements canadiens et britanniques des délibérations sur le rapatriement de la Constitution, en 1982.

M. Bouchard, qui a été chef du Bloc québécois, au centre de la campagne référendaire de 1995 et chef du Parti québécois, a dit en entrevue à RDI qu'il avait eu une «double impression de surprise, pour ne pas dire d'incrédulité, et d'inquiétude» lorsqu'il a appris ces nouvelles informations, publiées dans l'essai de l'historien Frédéric Bastien, La bataille de Londres. Selon ce nouvel essai, l'ancien juge en chef du plus haut tribunal au pays aurait brisé le principe de la séparation des pouvoirs entre le judiciaire et l'exécutif.

«Il faut avoir plus de documents et avoir accès aux archives. Il est impératif pour les intérêts de tous que nous ayons l'ouverture complète des archives du gouvernement fédéral», a réclamé M. Bouchard.

Si ces nouvelles informations avaient été publiées alors qu'il était chef de l'opposition officielle à Ottawa, en 1993, il aurait pu se lever en chambre pour réclamer la démission du juge en chef, a expliqué M. Bouchard pendant son entrevue.

François Legault critiqué

Quoiqu'il ne soit plus en politique active, l'ancien premier ministre du Québec n'a pas hésité de critiquer pendant son entrevue à RDI le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), l'ancien péquiste François Legault.

Cette semaine, M. Legault a minimisé l'importance de faire la lumière sur les nouvelles allégations de l'historien Bastien.

«La réaction de M. Legault est inacceptable. Comment un chef de parti, qui veut devenir un jour premier ministre du Québec, peut réagir d'une façon aussi légère?», s'est-il questionné.

«N'oublions pas que le rapatriement de la Constitution, avec la Charte des droits et libertés, est perçu comme l'acte fondateur du Canada moderne. On est en plein coeur de l'histoire contemporaine, une histoire qui continue de se répercuter chaque jour», a ajouté M. Bouchard.

Tout comme la CAQ, le Parti libéral n'a pas réclamé qu'Ottawa ouvre ses livres, affirmant que le temps n'était pas à parler de constitution, mais d'économie.

Mardi dernier, le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier, a demandé à Ottawa de faire preuve de la même transparence que le gouvernement britannique. Les documents transmis à Frédéric Bastien par le Conseil privé canadien étaient grandement caviardés.

Ottawa a d'ailleurs refusé de rendre publique cette page d'histoire. «Pour notre part, on n'a pas l'intention de jouer dans ce film-là, a indiqué le porte-parole du premier ministre Stephen Harper, Carl Vallée. On va rester concentrés sur l'économie et la création d'emplois.»