Un document d'information du ministère des Transports en vue de la commission parlementaire sur l'industrie du taxi fait rager les chauffeurs de taxi. Craignant que les dés de la commission ne soient pipés en faveur d'Uber, des représentants de l'industrie songent à boycotter l'événement.

« On reçoit un paquet d'appels. Certains membres nous proposent de boycotter la commission parlementaire. C'est le bordel », lance Guy Chevrette, porte-parole du Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi.

Le document qui a mis le feu aux poudres trace les grandes lignes de la consultation que tiendra le ministre des Transports, Jacques Daoust, à partir de jeudi prochain. On y apprend que le gouvernement souhaite consulter l'industrie du taxi et la multinationale Uber pour « mettre en place un environnement d'affaires équitable, compétitif et innovant » qui « éliminerait l'évasion fiscale ».

Or les seules villes qui sont citées en guise d'exemples dans le document d'information diffusé jeudi aux participants - Edmonton, Chicago, Toronto et Waterloo - sont des municipalités qui ont autorisé le service UberX ou qui s'apprêtent à le faire. Le nom des villes où UberX a été interdit, comme Calgary, n'est pas mentionné.

La semaine dernière, le ministre Daoust avait déclaré que les technologies comme celle d'Uber sont « inévitables ». L'industrie du taxi, qui souhaite l'interdiction d'UberX, craint que le gouvernement n'ait déjà fait son lit sur la question.

« Nous allons participer à la commission parlementaire de bonne foi, mais on espère que les dés ne sont pas pipés. Il y a des apparences qui sont inquiétantes », dit Guy Chevrette, porte-parole.

Au cabinet du ministre Daoust, la porte-parole Mélissa Turgeon assure cependant qu'aucun biais ne teinte les intentions du ministre.

« Les dés ne sont pas pipés. Les villes qui sont citées en exemple le sont parce que ce sont des villes nord-américaines », explique-t-elle.

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Le MTQ interdit à ses fonctionnaires d'utiliser UberX

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a interdit récemment à ses fonctionnaires d'utiliser le service UberX dans le cadre de leurs fonctions, puisqu'il s'agit de « courses payantes non reconnues légalement ».

Le ministère a fait cette précision à ses employés après que le Regroupement des intermédiaires de taxi de Québec ait obtenu, grâce à la loi sur l'accès à l'information, une facture prouvant qu'un fonctionnaire du MTQ a réclamé le remboursement d'un déplacement effectué grâce au service UberX. La facture, caviardée par le ministère, ne précise pas le poste occupé par le fonctionnaire.

Les employés du ministère des Transports « ont été avisés que tout déplacement qui utilise un moyen ne respectant pas le cadre légal en vigueur au Québec est proscrit, et ne peut faire l'objet d'aucune demande de remboursement », écrit une directrice du MTQ dans un courriel d'explication obtenu par La Presse.

Le fait d'utiliser les services d'UberX contrevient à une directive sur les frais remboursables émise en 2012 par le Conseil du Trésor.

Archives, La Presse

Une manifestation à l'aéroport Montréal-Trudeau.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

La commission parlementaire sur l’industrie du taxi doit débuter jeudi prochain à Québec.