La conférence des premiers ministres et des gouverneurs du Nord-Est américain a permis de faire avancer l'idée voulant que l'hydroélectricité québécoise soit renouvelable et propre. Le Québec s'est trouvé des alliés pour convaincre Washington, estime Pauline Marois.

À l'issue de la réunion des 11 chefs de gouvernement, le vétéran gouverneur du Vermont, Peter Shumlin, a donné un puissant appui à l'hydroélectricité du Québec. Son État a déjà reconnu l'énergie du Québec comme «propre et renouvelable» (green and clean), la «grande» énergie, dans le jargon américain.

Pour Washington, l'hydroélectricité québécoise ne correspond pas à ces critères - on limite par conséquent les achats des États limitrophes. «Selon moi, il n'y a pas de grand ou de petit charbon, de grand ou de petit nucléaire, de grande ou de petite hydroélectricité», a lancé M. Shumlin.

Stabilité et fiabilité

Le Vermont est client d'Hydro-Québec depuis des décennies et se félicite de la stabilité et de la fiabilité d'une énergie propre, a-t-il tranché. «Pourvu que le prix soit correct, on doit aller chercher cette énergie. Les lignes de transmission actuelles ne permettent pas d'en obtenir plus, mais la demande est là», a-t-il ajouté.

«On a fait un petit bout de chemin», a dit Mme Marois. Elle savait ce que les gouverneurs pensaient de cette question et était visiblement satisfaite de la sortie du gouverneur Shumlin.

«Je suis très confiante pour la suite des choses. Ces États représentent une population importante, proche de nous, et s'ils mettent leur voix dans la balance, cela permettra de faire cheminer cet enjeu, de faire reconnaître notre énergie comme verte et renouvelable.»

Par ailleurs, le président d'Hydro-Québec, Thierry Vandal, qui était présent à la réunion, s'est dit convaincu que les prix peu élevés du gaz naturel et le ralentissement de la demande lié à la faiblesse de l'économie ne devraient pas inquiéter Québec. L'appétit des Américains pour l'hydroélectricité restera solide au cours des prochaines années.

Présente à la réunion, Kathy Dunderdale, première ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, n'est pas davantage préoccupée par l'impact de la faiblesse du prix du gaz sur la demande en hydroélectricité. «On a fait de nombreuses études avant le développement de Muskrat Falls, et selon les experts consultés à travers le monde, nous ne sommes pas inquiets de l'impact du prix du gaz sur les projets hydroélectriques pour le moment», a-t-elle soutenu.

Pour M. Vandal, «le gaz a été important au cours des 5 dernières années parce que beaucoup de mazout était brûlé en Nouvelle-Angleterre, mais depuis 12 mois, on sent un intérêt renouvelé pour l'hydroélectricité.» Les États sont conscients des limites du gaz naturel, et «la région dans son ensemble a besoin de plus d'énergie renouvelable», tranche-t-il.

Les surplus d'énergie d'Hydro ne sont pas liés à la faiblesse des prix. «Avec 30 térawattheures, on est à la limite des interconnexions», relève-t-il.

Ralentissement

Au Québec, le recul de la demande est attribuable au ralentissement des pâtes et papiers, conjugué au ralentissement économique de 2009. «Le prix du gaz a eu comme effet de faire baisser un peu la rentabilité de nos exportations» à partir de 2008, explique Thierry Vandal. «Plus d'offre, moins de demande, cela a fait casser les prix», a-t-il résumé.

Le développement des grands projets annoncés n'est pas remis en question. «La Romaine va venir en production en 2020. Pour le projet suivant, on est dans la prochaine décennie. Bien des choses peuvent changer», observe le patron d'Hydro.

Le prix du gaz naturel est peu élevé actuellement à cause de la quantité de gaz de schiste produite, mais la demande réapparaîtra avant la fin de la décennie, prédit M. Vandal, ancien patron de Gaz Métropolitain avant de passer à Hydro en 2004. Des projets importants d'investissement nécessiteront plus de gaz - un projet de production d'engrais, énergivore, est prévu au Québec notamment.