Quelques heures à peine après l'adoption par l'Assemblée nationale d'une loi spéciale forçant le retour au travail des 77 000 travailleurs de l'Alliance syndicale, ces derniers préviennent que si l'association patronale ne change pas son fusil d'épaule au cours des prochaines séances de négociations, une grève pourrait être à nouveau déclenchée lorsque les dispositions de la loi prendront fin, dans un an.

« Les patrons n'étaient pas intéressés à négocier. Ce qu'ils voulaient, c'était une loi spéciale, qui enlève notre droit fondamental d'être en grève. Maintenant, on va respecter la loi, mais on va aussi s'assurer qu'ils la respectent aussi », a promis cet après-midi le porte-parole de l'Alliance syndicale, Yves Ouellet, lors d'un point de presse qui s'est tenu à Montréal.

M. Ouellet s'est dit satisfait que les augmentations de salaire de 2% pour la prochaine année soient maintenues par la loi spéciale, qualifiant cet acquis d'un « minimum ». 

« D'autres dispositions sont tout aussi importantes dans une convention collective, comme les clauses normatives qui aident la sécurité au travail, les frais de repas et autre. Tout ça a été évacué dans la loi spéciale », dit-il. 

Questionné si les travailleurs respecteront la loi, le porte-parole de l'Alliance syndicale promet que oui. Toutefois, le coeur n'y sera peut-être pas. 

« Quand on te rentre au travail de force, on te rentre de reculons. J'espère que les patrons ne s'attendent pas à un retour le sourire au visage, surtout lorsque leurs associations ont essayé de nous saigner au passage. Maintenant, ils ont un an pour réajuster le tir », dit M. Ouellet. 

Les partis de l'opposition dénoncés 

Pour Vincent Desmarais, un travailleur de la construction présent lors du point de presse de l'Alliance syndicale cet après-midi, les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale seront les premiers à blâmer si une nouvelle grève est déclenchée d'ici un an. 

« Du côté du Parti québécois, on avait une meilleure réception. Chez les partis de l'opposition, c'était une douche froide. Ils ont clairement pris parti pour les patrons », a dit d'emblée le jeune homme à La Presse

« Avec le premier projet de loi, on avait une belle entente pour quatre ans. Maintenant, tout sera à recommencer si les patrons ne changent pas leur discours dans un an. Le même « pattern » va s'installer à nouveau », dit-il. 

L'Association de la construction du Québec (ACQ) n'émettra pas de commentaires aujourd'hui sur la loi spéciale. 

Dans un communiqué publié en début d'après-midi, l'ACQ appelle tous les employeurs à respecter la loi, qui prévoit un retour au travail demain matin, dès 6h30.