La facture pour gérer la cuisine de rue devient de plus en plus salée. La Ville de Montréal prévoit verser 120 000 $ à une entreprise en 2016 pour préparer le calendrier déterminant l'emplacement des cantines roulantes, soit deux fois ce qu'il en a coûté l'an dernier.

Après un projet-pilote en 2013 et 2014, Montréal a adopté en 2015 un règlement pour autoriser le retour de la cuisine de rue dans l'île, interdite depuis plus de 60 ans. Mais contrairement à la majorité des villes nord-américaines qui ont ouvert pratiquement tout leur territoire aux camions de cuisine, la métropole a décidé de limiter à une quarantaine le nombre d'emplacements où ceux-ci peuvent s'installer.

Depuis, la Ville de Montréal attribue un contrat annuel pour gérer le calendrier déterminant l'emplacement quotidien des camions dans la métropole. L'entreprise Conseils Atelya vient ainsi de remporter cet appel d'offres en demandant 119 574 $, contrat qui doit être autorisé ce matin par l'administration Coderre. C'est plus du double de la dernière estimation qu'en avait faite la Ville de Montréal, établie à 57 500 $ en fonction du contrat attribué l'an dernier.

Montréal explique cet important écart «par le fait qu'il s'agit d'un contrat unique en son genre pour lequel il existe très peu de référence». La métropole ajoute que l'élaboration du premier calendrier a créé plusieurs «situations conflictuelles», poussant la Ville à préciser ses attentes.

Le calendrier géré de façon automatisée l'an dernier avait suscité des critiques des restaurateurs de rue, qui se plaignaient de s'être fait attribuer des emplacements dans des secteurs déserts et donc non rentables. Montréal a donc resserré ses exigences envers le gestionnaire. « Ces précisions n'ont pas suffisamment été prises en compte comme facteur d'augmentation du coût des services à offrir », note un document remis aux élus. Autre facteur, Montréal a demandé à ce que le calendrier couvre aussi la saison hivernale, puisque certains camions poursuivent leurs activités même durant la saison froide.

Échec de la ville intelligente

L'opposition s'indigne de voir Montréal recourir au privé pour gérer l'emplacement des camions de rue. «On est à 1000 lieux de la Ville intelligente. Si on a besoin d'un contrat pour gérer un calendrier dynamique de cuisine de rue, on n'est pas capables de faire grand-chose», s'indigne la conseillère Émilie Thuillier.

Le contrat qui doit être entériné ce matin prévoit que l'entreprise doit élaborer un calendrier de répartition des sites pour les véhicules-cuisines, gérer ledit calendrier, concevoir et mettre à jour un site internet affichant l'horaire. D'une année, le contrat pourrait être reconduit pour deux autres années. Le calendrier doit être mis en ligne le 30 mars.