Malgré une popularité qui ne se dément pas, une demande de services toujours croissante et la probabilité d'un nouveau record de fréquentation d'ici la fin de cette année, la Société de transport de Montréal (STM) prévoit terminer 2013 avec un déficit d'exploitation estimé à 15 millions, a révélé hier son président, Michel Labrecque.

Cette situation, qui était prévue depuis un an déjà, découle de l'absence de nouvelles sources de revenus, réclamées depuis deux ans par la STM et par l'ensemble des sociétés de transport en commun du Québec, afin d'éponger les coûts croissants de leurs services.

M. Labrecque a tenu à relativiser l'importance de ce déficit, sur un budget annuel de plus de 1 milliard. Il a toutefois reconnu que ce manque à gagner pourrait devenir un peu plus préoccupant dès 2014, alors que la STM anticipe un déficit d'environ 60 millions si elle ne dispose pas, d'ici là, d'une nouvelle source de financement.

«C'est moins que ce qu'on avait prévu lors de l'adoption du Plan 2020 (en 2010). On devait être à 145 millions de déficit en 2014, mais on a eu plus d'achalandage, on a majoré un peu plus les tarifs à la billetterie, on a déplacé des projets d'investissements. La situation est donc meilleure que ce qu'on avait prévu, mais elle demeure préoccupante», a dit hier M. Labrecque, lors d'une séance d'information sur les projets de voies réservées aux autobus de la STM.

Doubler le réseau

Depuis cinq ans, la STM a plus que triplé la longueur des voies de circulation dotées de mesures préférentielles pour bus (MPB), qui sont passées de 61 à 190 kilomètres depuis 2008. Dans son plan stratégique 2020, la société prévoit doubler ou presque la longueur du réseau de surface pour le porter à 370 kilomètres d'ici 2020.

Les MPB désignent à la fois les lignes d'autobus qui disposent de feux de circulation préférentiels sur certaines grandes artères (boulevards Rosemont et Saint-Joseph) et les voies réservées à la circulation des autobus, en périodes de pointe ou de façon permanente (boulevard Saint-Michel).

Ces aménagements permettent d'améliorer la circulation des autobus et de réduire les temps de parcours des usagers à un coût relativement minime. L'implantation de voies réservées aux autobus peut coûter de 100 000$ à 1 million par kilomètre, selon la STM. En comparaison, la construction d'une ligne de métro coûte de 250 à 300 millions par kilomètre.

Engagements électoraux

Depuis le début de la campagne électorale municipale à Montréal, l'implantation des voies réservées aux autobus a fait l'objet de plusieurs engagements de la part des candidats à la mairie, qui y voient une manière efficace d'améliorer, à peu de frais et en peu de temps, la qualité des services des transports collectifs.

Selon les données de la STM, l'aménagement d'une voie réservée aux autobus sur un boulevard ou une grande artère municipale peut nécessiter quelques mois de planification et, au pire, une année de travaux d'aménagement, afin d'en assurer la sécurité.

Sur le boulevard Saint-Michel, dans l'est de Montréal, l'aménagement d'une des voies de circulation en voie réservée aux autobus aurait permis des gains de temps de 6 à 8 minutes pour les usagers, ce qui représente un temps de parcours plus court de 15 à 20%, par rapport à la situation antérieure, sur ce boulevard. Cette voie réservée transporte chaque jour 40 000 passagers.