Une étude réalisée pour la Communauté métropolitaine de Montréal recommande une taxe de 3 cents pour chaque kilomètre parcouru par les automobiles dans la grande région de Montréal afin de financer les transports en commun. Estimant toutefois que la technologie n'est pas encore au point, les auteurs suggèrent d'instaurer en attendant une taxe sur l'essence à l'échelle de la province.

Le groupe de recherche CIRANO a reçu en janvier le mandat d'étudier les coûts et les impacts d'un éventuel système de péage dans la région métropolitaine. L'objectif est de trouver pas moins de 790 millions par an afin de financer le développement des transports en commun. Les auteurs ont ainsi analysé cinq scénarios, allant d'un péage de cordon ceinturant uniquement le centre-ville à une taxe imposée pour chaque kilomètre parcouru.

Un constat s'impose: les péages de cordon, pour lesquels il faut payer à chaque passage, coûteraient beaucoup plus cher aux automobilistes qu'une taxe kilométrique. Pour récolter 790 millions par an, chaque passage devrait coûter un peu plus de 15$ si le cordon était limité au centre-ville, ce qui réduirait la circulation de 40%, évalue le CIRANO. Moins cher, un cordon étendu à l'ensemble de l'île coûterait 5,20$ par passage.

Une taxe pour tous

Touchant un plus grand nombre d'automobilistes, une taxe au kilomètre serait moins coûteuse pour les utilisateurs. Selon les calculs des auteurs, un tel système devrait coûter 8 cents par kilomètre s'il était instauré à la grandeur du réseau autoroutier de la région de Montréal. Cette taxe devrait être de 3 cents si tous les déplacements automobiles étaient taxés - rues locales comme autoroutes.

Les auteurs privilégient la taxe sur l'ensemble des déplacements automobiles parce qu'«elle répartit les coûts des nouveaux investissements sur tous les automobilistes de la région métropolitaine de Montréal. L'impact sur le coût du déplacement est moindre, surtout comparé aux péages de cordon».

Technologie pas prête

Principal écueil, les auteurs disent ignorer les coûts pour implanter un tel système sur l'ensemble des déplacements. En effet, la technologie n'est pas encore au rendez-vous et pourrait prendre encore 10 ans avant de l'être. L'étude précise même qu'une telle taxe peut être «risquée au niveau des coûts de son implantation». À titre indicatif: un système limité au réseau autoroutier nécessiterait 780 points de contrôle et coûterait la bagatelle de 1,9 milliard.

En attendant que la technologie soit au point, l'étude recommande de mettre en place une solution temporaire, soit une hausse de la taxe sur l'essence. Ils suggèrent une hausse de 5 cents à l'échelle de la province et de 6 cents supplémentaires dans la grande région de Montréal.

Les auteurs reconnaissent que toute proposition de péage ou de taxe kilométrique risque de soulever une forte opposition. Ils lancent donc certaines mises en garde. «Le contexte actuel où les allégations de corruption dans la gestion des projets publics d'infrastructures rendent la population encore plus cynique quant à la nécessité de nouvelles taxes et sur la capacité de la fonction publique à livrer les projets pour lesquels ces nouveaux fonds sont destinés.»

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Des chiffres

> 790 millions

Besoins annuels supplémentaires pour les transports en commun de la région de Montréal

> 14,6 milliards

Investissements en transports en commun prévus d'ici 2021

> 4,3 millions

Population prévue de Montréal en 2031